Quand on atterrit à Abu Dhabi ou que l’on traverse Dubaï, quelque chose saute immédiatement aux yeux : ici, l’avenir ne s’imagine pas. Il se construit. Gratte-ciels, hubs financiers, laboratoires technologiques et désormais, une effervescence autour de Bitcoin que très peu de pays assument avec autant de clarté stratégique.
En décembre, lors de la conférence Bitcoin MENA, un message s’imposait partout dans les couloirs : les Émirats ne veulent pas être suiveurs. Ils veulent être leaders.
Leur ambition ? Devenir la juridiction la plus avancée du monde pour le Bitcoin, son industrie, son infrastructure, et son énergie.
Une vision politique assumée : diversifier, attirer, sécuriser
Contrairement à l’image réductrice d’un pays dépendant uniquement du pétrole, Abu Dhabi et Dubaï travaillent depuis plus de vingt ans à transformer en profondeur leur modèle économique.
Leur objectif est clair : s’émanciper des hydrocarbures en bâtissant une économie fondée sur l’innovation, les services financiers, la souveraineté énergétique… et, plus récemment, toute une infrastructure liée au Bitcoin, qu’il s’agisse du financement de l’écosystème ou du développement d’infrastructures énergétiques dédiées au minage.
Devenir un hub financier international
Avec ADGM (Abu Dhabi Global Market) et VARA (Virtual Asset Regulatory Authority) à Dubaï, les Émirats ont créé ce que l’Union européenne et les États-Unis tentent encore d’imaginer : un cadre réglementaire clair, stable et pragmatique pour les entreprises Bitcoin et crypto.
Ici, la conformité ne rime pas avec bureaucratie excessive, les règles sont lisibles, et les licences s’obtiennent en quelques mois, là où d’autres juridictions exigent des années.
Dans cette perspective, Bitcoin n’est pas uniquement perçu comme une innovation énergétique ou technologique : il devient un pilier économique à part entière, intégré à la vision de long terme du pays.
Alors que de nombreuses puissances occidentales s’enlisent dans une régulation punitive et dans une fragmentation géopolitique croissante, les Émirats adoptent une stratégie inverse. Leur ambition est de : s’ancrer dans un futur multipolaire où Bitcoin s’impose comme une infrastructure monétaire globale.
Des fermes de minage opérationnelles dans le désert ⚡
Ici, le minage n’est pas vu comme un problème. Il est vu comme une opportunité énergétique. Loin des caméras et au coeur du désert, de vastes installations émergent aux abords d’Abu Dhabi grâce à :
- des surplus d’électricité solaire
- des partenariats avec des acteurs privés
- des régulations favorables
Ces fermes ne sont pas anecdotiques : elles incarnent l’entrée formelle des EAU dans le jeu énergétique mondial du Bitcoin.
Fermes & projets de minage aux Émirats arabes unis

Aux Émirats arabes unis, plusieurs projets de minage de Bitcoin se distinguent déjà par leur ambition et leur sophistication technologique. Le plus emblématique est sans doute la coentreprise entre Zero Two et Marathon Digital Holdings, qui se sont associé pour réaliser des opérations de minage dans le pays et à l’international.
Ensemble, ils ont lancé deux installations totalisant 250 MW dont une ferme de 200 MW et une autre de 50 MW. Ces sites utilisent le refroidissement par immersion, une technologie parfaitement adaptée au climat extrême de la région, où l’air brûlant du désert rend les solutions classiques inefficaces.
Un autre acteur majeur émerge à travers Phoenix Technology a dévoilé l’un des premiers giga-projets de minage du Moyen-Orient. Déjà mentionné dès 2021-2022, ce site hydro-refroidi d’environ 200 MW à Abu Dhabi marque l’entrée officielle des EAU dans l’industrie du minage à grande échelle et leur volonté d’en devenir un leader régional.

Enfin, en marge de ces méga-structures industrielles, des initiatives plus discrètes mais tout aussi révélatrices existent dans la région d’Al Dhafra. Là-bas, une ferme de minage « indépendante » exploite la gigantesque centrale solaire locale pour miner du Bitcoin à partir d’une énergie surabondante, propre et renouvelable.
C’est un exemple parfait de la vision énergétique du pays : utiliser ses excédents solaires pour alimenter une activité monétaire numérique et globale.
Quelques compagnies & plateformes crypto actives aux Émirats arabes unis
- Kraken : Depuis 2022, Kraken MENA a obtenu une licence complète via Abu Dhabi Global Market (ADGM), ce qui en fait le premier grand exchange global agréé dans le pays. Il propose trading, custodie et services d’actifs virtuels, avec dépôt/retrait en dirhams (AED).
- Rain : Initialement basé à Bahreïn, Rain opère via sa filiale locale “Rain Trading Limited” en UAE. En 2023, elle a obtenu l’agrément d’ADGM pour proposer des services crypto régulés aux résidents des Émirats.
- CoinMENA : Exchange régional, basé entre Bahreïn et Dubaï, CoinMENA est licencié par la régulation locale à Dubaï via Virtual Assets Regulatory Authority (VARA). Il permet l’achat/vente et la conservation de crypto-actifs (Bitcoin, Ethereum, etc.) pour les utilisateurs du Golfe.
- Binance : Le géant mondial du crypto-trading est présent aux EAU, avec des opérations sous licence VARA (Dubaï) et potentiellement ADGM, ce qui lui permet de proposer un large éventail de services crypto dans le pays.
- OKX : Classé parmi les meilleurs exchanges aux EAU, OKX dispose d’une licence VARA pour offrir des services de trading crypto, avec un bon support pour l’AED et des paires locales.
- Bybit : Exchange international dont le siège pour la région MENA est à Dubaï. Bybit vise une licence complète via VARA, ce qui lui permet d’opérer légalement dans l’émirat.
- BitOasis : Un exchange “local” historique, fully licensed via VARA, qui offre aux utilisateurs des services adaptés à la région (transactions en dirham, intégration bancaire locale, services de custodie).
- DWF Labs — Société basée à Dubaï, spécialisée dans le market making, l’investissement Web3 et le trading OTC. Elle illustre la diversification des activités crypto au-delà des simples échanges
Conclusion : les EAU adoptent Bitcoin comme stratégie nationale
Abu Dhabi, Dubaï, Sharjah…Tous avancent dans la même direction :
faire du Bitcoin une composante de leur puissance géo-énergétique.
Alors que l’Occident doute et légifère pour augmenter les taxes, les Émirats avancent et construisent.
Et peut-être qu’un jour, on dira que la “Sound Money Capital” du monde ne se trouvait ni à New York, ni à Zurich… mais au cœur du désert, sous le soleil d’Abu Dhabi.