Dans un monde où les « villes du futur » ressemblent souvent à des vitrines technologiques hors-sol, le Bhoutan avance à contre-courant, encore une fois. Ce petit royaume himalayen, longtemps perçu comme un sanctuaire spirituel isolé, est en train de bâtir un projet qui intrigue désormais économistes, urbanistes et acteurs du secteur Bitcoin : Gelephu Mindfulness City (GMC).
L’ambition est immense. Créer une ville capable de concilier modernité économique, durabilité environnementale, bien-être humain… et souveraineté financière. Une équation que peu de pays osent formuler. Et que presque aucun ne tente de résoudre sérieusement.
Le Bhoutan, un pays déjà en rupture avec les dogmes classiques
Depuis les années 1970, le Bhoutan s’est rendu célèbre pour son indicateur alternatif au PIB : le Bonheur National Brut. Un concept souvent caricaturé ou incompris en Occident, mais qui traduit une intuition profonde : la croissance économique n’a de sens que si elle améliore réellement la vie des citoyens.
Cette philosophie irrigue aujourd’hui GMC. Loin d’un projet immobilier spéculatif, la ville est pensée comme un écosystème humain, où l’économie sert un projet de société et non l’inverse.
GMC : une ville pensée comme un organisme vivant
Située au sud du pays, à la frontière indienne, Gelephu Mindfulness City a vocation à devenir une zone économique spéciale, ouverte aux talents internationaux, aux entrepreneurs, aux chercheurs et aux investisseurs de long terme.

Son urbanisme repose sur plusieurs piliers :
- une architecture basse, intégrée au paysage,
- des infrastructures sobres en énergie,
- une place centrale accordée à la santé mentale, à l’éducation et à la spiritualité,
- et une gouvernance conçue pour durer, au-delà des cycles politiques.
Mais ce qui distingue réellement GMC, ce n’est pas seulement sa forme. C’est son moteur économique.
Le Bitcoin comme infrastructure stratégique, pas comme spéculation
Contrairement à d’autres pays qui se sont exposés au Bitcoin de manière opportuniste, le Bhoutan a fait un choix discret mais structurant : développer des fermes de minage alimentées par l’hydroélectricité nationale.
Le pays dispose d’un avantage rare : une production d’électricité renouvelable abondante, stable et largement sous-exploité. Plutôt que de vendre cette énergie à bas prix ou de la gaspiller lors des périodes de surplus, le Bhoutan l’utilise pour miner du Bitcoin transformant ainsi de l’énergie locale en un actif monétaire mondial.
Cette stratégie poursuit plusieurs objectifs :
- diversifier les revenus de l’État,
- réduire la dépendance aux aides internationales,
- constituer des réserves financières liquides et non censurables,
- financer des projets d’infrastructure et de développement à long terme.
Dans un silence presque total, le Bhoutan s’est ainsi hissé parmi les États les plus avancés en matière de minage souverain.
👉 Bhoutan : Pourquoi le pays du Bonheur possède des fermes de minage bitcoin ?
Les revenus issus du minage ne sont pas pensés comme une fin en soi. Ils servent à soutenir une vision plus large : financer des programmes éducatifs, moderniser les infrastructures, attirer des talents, et accompagner la montée en compétence de la population locale.
Là où beaucoup de projets futuristes misent sur la surveillance, l’automatisation et la financiarisation extrême, le Bhoutan propose une vision presque subversive : une modernité lente, consciente, souveraine.
Le Bitcoin n’y est pas présenté comme un outil de spéculation, mais comme une infrastructure monétaire compatible avec une économie respectueuse de l’humain. Une réserve de valeur pour un État. Un outil d’indépendance dans un monde instable.
Et si le futur venait des marges ?
Il est tentant de regarder le Bhoutan comme une exception exotique. Ce serait une erreur. Les grandes ruptures ne viennent que rarement des centres de pouvoir établis. Elles émergent souvent des marges — là où l’expérimentation est encore possible.
Avec Gelephu Mindfulness City, le Bhoutan pose une question simple mais radicale :
et si la ville du futur n’était pas plus rapide, plus connectée ou plus rentable… mais plus humaine, plus résiliente et plus libre ?
Dans un monde en quête de sens, la réponse pourrait bien venir de l’Himalaya.