julien assange

Julian Assange, WikiLeaks et le lien avec Bitcoin

19 février 2024

La mort récente Alexeï Navalny – dont les causes sont encore inconnues aujourd’hui- a suscité son lot d’émotions à travers la Russie mais aussi à travers le monde.

On aime à croire que la pratique de la censure, l’incarcération abusive et le musellement des dissidents sont des pratiques propres aux gouvernements que l’on juge autoritaires ou aux dictatures. Certes, cela est vrai dans une certaine mesure mais dans un angle plus large, il n’en est pas moins vrai que les régimes dits « démocratiques » en font aussi usage. C’est en tous les cas, ce que nous « prouve » l’organisation wikileaks et son fondateur Julian Assange, qui à maints égards peut rappeler le combat que menait Alexeï Navalny…

Dans un blog dédié au bitcoin, vous pourriez vous demander ce que Diable, la cryptomonnaie vient faire dans cette histoire?

Eh bien, laissez-moi vous raconter comment Julian Assange a pu trouver une nouvelle forme de liberté et de protection grâce à Bitcoin. Cet article explore l’histoire fascinante de la relation entre Bitcoin et Wikileaks afin de mieux souligner comment Bitcoin peut jouer un rôle crucial dans la liberté d’expression.

La création de WikiLeaks et l’onde de choc que cela a provoqué

WikiLeaks a été fondé par Julian Assange en 2006, et la première grande publication de documents confidentiels a eu lieu en 2010. Cette année là, la divulgation d’une série d’informations diplomatiques américaines classifiées et secrètes a déclenché une tempête politique mondiale. La révélation la plus notable à cette époque a été celle des « Afghan War Logs » (Journaux de guerre afghans), publiés en juillet 2010. Ces documents comprenaient des rapports militaires détaillés sur la guerre en Afghanistan, couvrant la période de 2004 à 2010. Les Afghan War Logs ont exposé des informations troublantes sur des événements tels que des opérations militaires, la mort de civils tués par erreur, des allégations de tortures sur la population afghane et d’autres aspects de la guerre qui avaient été maintenus dans le secret de l’administration américaine.

wikileaks julian assange guerre
Publication par WikiLeaks des « Afghan War Logs » (Journaux de guerre afghans). Les documents sont un ensemble de plus de 391 000 rapports couvrant la guerre en Irak de 2004 à 2009 et en Afghanistan de 2004 à 2009. (Source)

Cela a provoqué une véritable onde de choc dans les médias américains et internationaux qui ont très vite relayés les informations divulguées. Le changement de perception fût aussi remarquable auprès de la population américaine qui découvrait alors une autre réalité de cette guerre, très éloignée de l’image véhiculée par les médias traditionnels.

La perception du peuple américain pour cette guerre qui avait été « vendue » comme une guerre nécessaire ou les États-Unis avait le bon rôle a été alors largement modifié par les révélations de Wikilleaks. La fondation avait révélée indirectement les techniques de mensonges et de manipulations dont pouvait faire preuve le gouvernement américain, pour justifier ses positions, comme le décrit si tristement la « doctrine Powell« . C’est une doctrine qui tient son nom de l’ancien secrétaire d’État Colin Powell et des accusations mensongères qu’il a énoncé pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003. Des années plus tard, après de nombreuses enquêtes et un aveu de ce dernier, la doctrine Powell évoque l’idée que les politiciens peuvent délibérément mentir pour justifier une action militaire ( ou autre).

Le blocus financier, la censure de Julian Assange et la proposition du Bitcoin

Rapidement, la révélation de ces dossiers (et d’autres par la suite) à suscité un débat mondial sur la nécessité de la transparence des informations auprès des citoyens. Cela a aussi r-éveillé la conscience des médias et des journalistes sur la nécessité de divulguer des « secrets d’États », malgré les interdictions gouvernementales de le faire.

Suites aux révélations de Wikileaks, l’administration américaine à exhorté les diverses institutions financières, dont Visa, MasterCard et PayPal, a imposé un blocus financier à WikiLeaks. C’était là une manière radicale d’étouffer Wikileaks et d’empêcher la révélation d’autres informations. De fait, WikiLeaks qui vivait essentiellement des fonds de donateurs a été privé de plus de 95% de ses revenus.

Face à ce blocus financier d’une ampleur inégalée, des alternatives ont été proposées mais aucune n’avait autant d’avantages que l’utilisation du bitcoin. Rappelons qu’à ce moment là, nous étions en 2010, et le réseau Bitcoin en était à ses balbutiements. Très peu de personnes connaissaient Bitcoin hormis quelques cypherpunks qui avaient été les premiers à avoir été informé de cette invention par Satoshi Nakamoto.

Rappelons que les cypherpunks représentent un ensemble hétérogène de personnes qui cherchent à défendre la vie privée, l’anonymat et la liberté de l’information en ayant recours essentiellement aux outils cryptographiques.

De fait, le bitcoin, présenté comme monnaie cryptographique décentralisée échappant à tout contrôle des autorités financières ou étatiques semblait être la solution idéale (sinon unique?) pour continuer de soutenir financièrement Wikileaks.

Le dilemme de Satoshi Nakamoto…

A posteriori, utiliser le bitcoin pour soutenir wikileaks nous semble être une idée formidable et parfaitement en accord avec les « principes » du Bitcoin. Cependant, l’idée d’utiliser Bitcoin pour aider WikiLeaks a suscité une vive controverse sur les forums divisant la communauté entre ceux qui étaient pour l’utilisation du Bitcoin et ceux qui la remettait formellement.

Plus encore, l’inventeur du Bitcoin, Satoshi Nakamoto a conseillé de manière explicite de ne pas ne pas utiliser Bitcoin car il était encore à ses débuts et qu’il ne pourrait pas supporter une attention aussi négative. Cette position peut sembler contradictoire avec l’idée du Bitcoin (qui est précisément de ne pas exercer la moindre censure) mais reste pragmatique dans ce contexte très particulier.

Traduction : « Cela aurait été mieux d’attirer cette attention dans un autre contexte. WikiLeaks a secoué le nid de frelons, et l’essaim se dirige vers nous » Source : BitcoinTalk forum

La position de Satoshi Nakamoto peut s’expliquer ( selon toutes vraisemblances) par le fait qu’il redoutait que le gouvernement américain prenne conscience du Bitcoin et qu’il décide de le suspendre. En 2010, le réseau ne comptait pas des milliers de serveurs et de mineurs à travers le monde comme c’est le cas aujourd’hui et il était de fait vulnérable aux possibles attaques du gouvernement américain.

La décision d’accepter les dons en bitcoin de WikiLeaks

Après avoir examiné la situation, l’équipe de WikiLeaks a décidé de suivre le conseil de Nakamoto et de ne pas accepter de dons en Bitcoin à ce stade précoce. Cependant, Bitcoin a gagné en visibilité auprès de certains développeurs, ce qui a permis à Bitcoin de mûrir et de se consolider comme une méthode de paiement alternative.

wikileaks bitcoin
source : Wikileaks

Finalement, en juin 2011, WikiLeaks a commencé à accepter les dons en Bitcoin. Cela a marqué le début d’une relation fructueuse et emblématique (à plusieurs égards) entre WikiLeaks et Bitcoin.

Le soutien financier en Bitcoin a permis à l’organisation de survivre malgré le blocus financier imposé par le gouvernement américain. Plus encore, en acceptant les dons en Bitcoin, WikiLeaks a pu aussi maintenir une certaine forme d’anonymat pour leurs donateurs, renforçant ainsi la sécurité et la confidentialité des transactions.

Comme on peut le constater encore aujourd’hui, la fondation accepte toujours les paiements en bitcoin.

Mot final

L’histoire de Julian Assange et du Bitcoin est un exemple frappant de la façon dont la technologie peut aider certaines causes, que l’on ne soupçonnerait pas de prime abord. Bitcoin a non seulement aidé WikiLeaks à survivre à un blocus financier, mais il a également ouvert la voie à de nouvelles formes de transparence.

Il est important de rappeler que les militants de toutes opinions qui se battent pour que toutes les informations puissent librement circuler, ont besoin de technologie comme le Bitcoin.

Bien sûr, on peut encore douter de l’éthique des activités menées par Julian Assange ou de la légitimité même de WikiLeaks, ce qui est sûre, c’est que la liberté est au coeur de leurs actions. Et à moins de vouloir vivre sous la tyrannie d’un « Big brother » tout puissant, c’est un combat qui nous concerne tous.

Alors, certes, Bitcoin peut, certes, être considéré et décrié comme un actif financier spéculatif mais c’est là, n’y voir qu’une facette d’un objet qui en compte plusieurs. Le Bitcoin, en tant que système de paiement pair-à-pair, fonctionnant sans intermédiaire nous donne la possibilité de pouvoir échanger de l’information (ou de la valeur) sans risquer la censure.

Dans ce sens, Bitcoin est surtout un outil imprenable pour défendre la liberté ( celle qu’ils restent) des hommes. Et, quand bien même cet outil serait imparfait, ne vaille-t-il pas la peine qu’on le prenne enfin au sérieux?

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Ines Aissani

Éditrice du journal ZoneBitcoin, tombée dans le terrier du Bitcoin et farouchement convaincue qu'il peut apporter une solution aux problématiques liée à l'inclusion financière.

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