Imaginez-vous seul devant votre rig de minage, avec un seul objectif : trouver ce fameux « nonce », décrocher la récompense du bloc, et espérer qu’un improbable coup de chance se réalise.
C’est exactement ce qu’a vécu un mineur en solo, le 21 novembre 2025, lorsqu’il est parvenu à miner le bloc n° 924 569 du réseau Bitcoin empochant 3.146 BTC, soit environ 265 000 $ au cours actuel.
Et ce n’est pas le seul chanceux de l’année. L’année 2025 aura été marquée par une série de “miracles statistiques” : plus de cinq mineurs en solo ont réussi l’exploit improbable de trouver un bloc entièrement seuls, décrochant chacun des récompenses allant de 200 000 $ à plus de 300 000 $.
Dans un réseau dominé par les méga-fermes de minage et les pools industriels, ces réussites individuelles sont des éclairs dans la nuit, rares certes mais spectaculaires.
Dans cet article, on va décortiquer ce phénomène de loterie fascinant :
- qu’est-ce que le solo mining aujourd’hui ?
- a-t-on vraiment une chance de gagner ?
- qui sont ces chanceux de 2025 ?
- quelles machines permettent d’espérer ?
- et surtout : est-ce une stratégie valable ou juste un rêve romancé ?
Bienvenue dans un monde où, parfois, David parvient à battre Goliath.
Qu’est-ce que le solo-mining ?
Le solo mining, dans sa définition la plus pure, consiste à miner des blocs sans rejoindre une ferme. Vous minez seule, avec vos propres machines, et si vous trouvez un bloc, vous gardez 100 % de la récompense : les 3,125 BTC du halving 2024, auxquels s’ajoutent les frais de transaction (qui peuvent ajouter plusieurs centaines ou milliers de dollars supplémentaires selon la congestion).
C’est un peu comme acheter un seul ticket de loterie face à des milliers de rouleaux industriels. Vous jouez seul contre tout le réseau, et votre matériel doit être suffisant pour résoudre un bloc avant tout le monde.
Dit comme ça, cela semble impossible. Et, statistiquement, ça l’est presque.
Pourtant…
Qui a réussi a miner seul en 2025 ?
Les exemples de 2025 ont de quoi susciter l’admiration, voire la fascination. Plusieurs solo-mineurs ont réussi à extraire un bloc complet malgré l’augmentation du hashrate mondial (qui a dépassé les 1 200 EH/s cette année).
Et pour commencer, il y a ce cas tout récent : un mineur en solo qui a réussi à décrocher un bloc avec « à peine » 1,2 TH/s de puissance de calcul. En début d’année, en février, un mineur solitaire a extrait le bloc 883181, touchant plus de 3,125 btc. En juillet, un autre a trouvé le bloc 903883, gagnant environ 349 000 dollars avec seulement 2,3 PH/s de puissance.
D’autres blocs (dont le 907283, le 910440, le 913632 ) ont été découverts par des individus travaillant via des plateformes de minage comme Solo CKPool. La plateforme offre l’infrastructure nécessaire pour que des mineurs indépendants se connectent directement au réseau Bitcoin. Ils peuvent alors toucher la récompense complète s’ils trouvent un bloc par eux-memes.
Chaque fois, le même scénario : un mineur isolé, avec une petite puissance comparée aux géants, décroche le jackpot et capture la récompense entière.
Ces histoires sont rares, certes mais elles suffisent à nourrir toute une mythologie : celle du David du minage qui, de temps en temps, parvient à frapper le bloc avant les Goliath industriels.
A-t-on vraiment une chance de gagner?
Vous avez certainement envie de rêver tout comme nous mais soyons honnêtes : la probabilité est infinitésimale. Mais infinitésimale ne veut pas dire inexistante. Elle est là, la subtilité.
Dans les faits, même une petite machine ASIC peut théoriquement trouver un bloc. Selon SoloSatoshi, boutique qui vend des solo mineurs, le mineur chanceux de novembre aurait peut-être utilisé un « Bitaxe Gamma« .

En effet, un Bitaxe Gamma permet d’atteindre 1,2 TH/s. La version supérieure à savoir un NerdQaxe++ permet d’atteindre 6 TH/s.
C’est la nature même du Proof-of-Work : chaque hash, même minuscule, est un ticket dans la loterie cosmique du Bitcoin. C’est vraiment une question de chance.
En fait, il faut comprendre l’échelle. Avec un ASIC moderne, on peut contribuer avec quelques centaines de TH/s. Le réseau total, lui, s’exprime désormais en exahashes, soit des milliards de fois plus.
Trouver un bloc avec une seule machine revient à gagner au loto… sauf que certains joueurs gagnent plusieurs fois par an. Ce n’est pas impossible : c’est juste statistiquement déraisonnable.
C’est d’ailleurs ce contraste entre improbable et réalisé qui rend ces histoires si fascinantes.
Quelles machines permettent d’espérer un bloc ?
En 2025, miner en solo avec un petit GPU ou un vieil ASIC est inutile : vous ne trouveras jamais un bloc de cette façon. Pour avoir ne serait-ce qu’un pourcentage infime de chance, il faut au minimum du matériel récent et très performant comme :
- Antminer S21 Hydro / S21 Pro, autour de 300–470 TH/s
- Whatsminer M60 / M63, variant entre 200 et 300 TH/s
- Et dans de rares cas, certains mineurs opèrent plusieurs machines pour atteindre 1 à 5 PH/s
Même avec cela, la probabilité reste minuscule. Puis, encore faut-il pouvoir miner ces machines depuis chez soi et non en host mining.
C’est pourquoi certains préfèrent les mineurs solos, en tentant leurs chances à la grande loterie qu’est le minage solo de bitcoin.
Pourquoi certains mineurs tentent quand même ?
Il y a une logique derrière le solo mining, même si elle semble irrationnelle.
- D’abord, il y a l’aspect souveraineté. Certains mineurs détestent l’idée de livrer leur puissance à un pool, même décentralisé comme Ocean par exemple, et veulent miner seuls, pour le principe.
- Ensuite, il y a l’aspect romantique : trouver un bloc seule, c’est comme découvrir de l’or dans une rivière déjà exploitée par des machines industrielles. C’est un exploit mythique.
Enfin, certains mineurs ont accès à une électricité quasi gratuite dans certains régions ou alors ont accès a des tarifs électriques dérisoires (hydro, solaire, chaleur récupérée, surplus énergétique local). Dans ces cas-là, tenter sa chance n’a aucun coût marginal réel.
Solo mining : miracle ou stratégie réelle ?
Si vous comptez vous lancer dans le solo mining pour toucher la jackpot, croisez fort vos doigts. Le solo mining n’est pas une stratégie fiable de revenus. C’est un pari, une tentative, un acte presque philosophique.
Mais ce pari existe, et parfois il paie.
Ce phénomène montre surtout quelque chose de très important pour Bitcoin : malgré la centralisation du hashrate dans les fermes industrielles, le réseau n’a pas encore écrasé l’individu.
Un mineur isolé peut encore battre les géants. Un simple ASIC peut encore, un jour de chance, produire un bloc qui vaut des centaines de milliers de dollars.
La permissionlessness de Bitcoin, sa résistance à la capture, son ouverture à tous… tout cela se matérialise dans ces exploits.
Verdict final : Devez-vous vous lancer à votre tour?
Le boom du solo mining en 2025 n’est pas un « retour » du minage artisanal, mais plutôt une renaissance de ce qu’il représentait : la possibilité, même infime, que quelqu’un dans son salon décroche un bloc et inscrive son nom dans l’histoire.
C’est rare, c’est irrationnel, c’est économiquement discutable…
Mais c’est aussi profondément Bitcoin.
Pour la majorité des utilisateurs, miner en pool reste la seule voie sensée.
Pour les rêveurs, les souverains, les passionnés, les puristes… le solo mining reste un pari romantique, un acte de liberté.
Et tant qu’il restera possible, Bitcoin restera fidèle à sa promesse d’origine :
un réseau ouvert à tous, où même les plus petits joueurs conservent une chance minuscule mais réelle de gagner contre les géants.