Edito : Il y a plusieurs types de NFT comme ceux des jeux vidéos ou ceux utilisés dans des métaverses. Dans cette vidéo, on parle des NFT de type “artistique”.
Vous avez sûrement entendu que certains fichiers PDF et des images JPEG se sont vendus des millions de dollars. Cela vous étonne et vous pensez que le monde ne tourne plus rond ? ( A-t-il seulement déjà tourné rond, hein?).
L’effervescence des NFT nous montre que l’humanité à franchit un nouveau paradigme. Cela est peut être déconcertant et d’autant plus lorsqu’on ne cherche pas à comprendre les fondements de ce changement. On avance, on marche et on courre pour foncer tête baissée dans le futur. Qu’est-ce que cela signifie?
Rien d’autres que la suite logique de notre utilisation de l’internet et de l’informatique. Eh, oui, n’y voyez pas de la mystique de la science-fiction quand il n’y a rien de plus rationnel dans l’histoire de la science et de la technologie. Chaque époque à son lot de nouveaux usages. C’est le progrès diront les millenials, c’est une absurdités rétorqueront les boomers?
Les prix astronomiques qui s’échangent pour des simples images PNG peuvent sembler fou de prime abord. Après tout, une vidéo d’un chat qui miaule avec un arc en ciel pixelisé comme décor s’est bien acheté des millions de dollars.
Qu’est-ce qu’il a de si spécial ce chat? Franchement, rien?
Rien, si ce n’est son histoire? Peut-être tire-t-il sa valeur simplement le fait d’avoir été “frapper”( minter in English) sur la blockchain?
On perd notre temps et notre énergie si on cherche à analyser le chat pixelisé et sa valeur artistique. On peut pas débattre ici ou se la jouer critique d’art pour essayer de trouver une quelconque justification. En fait, ce n’est pas là que se situe le débat….
Ce n’est plus simplement le petit geek dans sa chambre qui achète des crypto qui collectionne des oeuvres digitales. Oh non, les institutions du monde de l’art comme Christie’s ( rien que ça) ou des grandes sociétés d’investissements achètent et font monter les enchères. La société Visa s’y est mise elle aussi. Elle a acheté son premier NFT pour la modique somme de 150 000 dollars. Une broutille pour Visa? L’équivalent de quelques commissions prises sur nos achats d’une seule journée et d’une seule poignée de détenteurs de carte.
Cela dit, le geste en dit long.
Il en dit beaucoup plus que ce qu’on peut croire de prime abord. Rappelons que Visa est un opérateur financier qui ne s’est pas toujours montré “tolérant” envers les cryptomonnaies. En achetant un NFT, la société nous montre clairement qu’elle accepte désormais cette nouvelle technologie. Pour certains, c’était même l’image de la résignation et de l’abdication de la monnaie fiduciaire envers la cryptomonnaie.
Les temps changent, les mentalités évoluent et l’histoire nous à montré les réticences que l’on pouvait avoir avec les nouveautés de manière générale.
Combien sont les artistes qui n’ont pas souffert d’être incompris par leurs contemporains ?
Rappelons que Cézanne et la clique des cubistes avaient du mal à payer leur loyer, et ce, malgré une production intensive. Les oeuvres cubistes – à leurs débuts- étaient considérés comme des obscénités esthétiques. Au début en tous les cas, je le précise avant que les historiens ne me flagellent. Certains commerçants refusaient d’être payé avec ces tableaux. Cela n’avait pas de valeur après tout.
Pire encore, un tableau avec une femme défiguré comme cela, qui en voudrait dans sa salle à manger?
Le cubisme, non merci!
Bref, vous pouvez très bien faire une capture d’écran de votre Picasso, n’est-ce pas? Pas besoin d’avoir l’original vous allez me dire. Vous pouvez même le refaire “faire” à un artiste talentueux, n’est-ce pas? Une bonne contrefaçon est même difficilement repérable à l’oeil nu. Aussi expert soit-il.
On sait bien que les contrefaçons de certains tableaux sont absolument identiques aux versions originales. Tellement identiques que certains disent que beaucoup de nos musées en regorgent. Ça vous en bouche un coin? Pourtant, à moins de braquer un microscope sur les oeuvres, vous ne verrez aucune différence.
D’ailleurs, les microscopes eux-mêmes seraient les premiers dupés. Les imitateurs de tableaux sont si doués qu’ils en viennent même à piéger les laboratoires scientifiques pour estimer l’âge de l’oeuvre, c’est vous dire comme ils sont bien réalisés!
C’est pas pour rien qu’en anglais, ce type d’escroc sont appelés des “con Artist”. On y range sous cette appellation toutes les personnes extrêmement doués pour falsifier des comportements ou des oeuvres.
Admettons alors que vous ayez cette oeuvre identique à l’original.
Je vous met au défi : essayez donc de revendre votre copie parfaite de votre Picasso ( en affirmant que c’est une copie, hein).
C ‘est comme cela que vous allez bien comprendre toute l’intelligence d’un NFT.
Avec un NFT, vous êtes sûre d’avoir l’originale. La vraie oeuvre alors que toutes les autres ne sont que des copies conformes.
Ce n’est pas parce que l’oeuvre est digitale qu’elle n’a pas le droit d’ avoir son fichier d’origine. Ainsi, il serait impossible aujourd’hui de vendre un faux Picasso si celui-ci avait son NFT. Pourquoi? Il serait entièrement traçable sur la blockchain. Si, si , vous savez ce grand répertoire dans lequel toutes les transactions d’échanges sont écrites et irréversibles.
Comprenez que chaque propriétaire serait scrupuleusement noté dans ce grand livre informatique. On saurait où se trouve l’œuvre, à qui elle appartient et même l’heure exact de sa revente.
Ainsi, si de manière rétrospective, cela perd quelque peu de sa superbe, cependant, ancré dans le monde contemporain, un NFT à du sens.
Derrière les prix mirobolants que vous voyez, c’est aussi (mais pas que) le prix de la technologie derrière qui est reflétée. C’est d’ailleurs pourquoi les NFTs sont aussi très intéressants et utile dans d’autres domaines comme celui des diplômes ( plus de faux diplômes), de l’identité numérique, des jeux vidéos, etc.
Ainsi, au-delà du NFT et de la technologie, une oeuvre d’art numérique à tout aussi de poids et de raison d’être qu’une peinture à l’huile. C’est simplement une avancée de plus dans l’histoire de l’art qui n’est pas statique et figée dans une période donnée, comme on le sait.
Qu’on ne comprenne pas pourquoi une vidéo de Beeple se vende des milliers d’euros doit faire partie de la même incompréhension quand il s’agit des oeuvres de Jeff Koons, par exemple. L’art contemporain est tout aussi curieux pour néophyte (dans le montant des ventes des oeuvres) que le sont les NFT.
Pour l’oeil d’un collectionneur averti, il n’y voit que deux artistes avec deux mediums différents.
Certains ont eut l’audace de penser que certains NFT se vendaient cher uniquement parce qu’ils s’agissait de NFT (et donc d’une technologie informatique).
Ce qui nous amène à la question ultime qu’on doit se poser: Est-ce que le fait d’être un NFT apporte de la valeur (financière) à une image? Est-ce que certains NFT qui valent vraiment des millions les valent vraiment?
À la première question, j’ai tout de suite envie de vous répondre pour éviter toutes confusions. Non, ce n’est pas parce que vous allez “minter” un NFT sur la photo de vous avec vos chient que la photo va se vendre des millions.
Désolé de vous dire qu’elle ne vaut rien tout comme le dessin de votre enfant (tout aussi doué soit-il). Cela vaut des cacahuètes et personne ne voudra les acheter.
En fait, ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une oeuvre digitale qu’elle soit ou non représenté par un NFT n’en garde pas moins les codes artistiques qu’elle sous-entend.
En gros, retenez que les NFT ne sont ici qu’un vecteur, un support tout comme le canevas et le tableau le sont pour les tableaux de Picasso.
Tous les NFT ne valent pas des millions, qu’on soit clair. Tous ne sont pas des oeuvres d’art qui vont entrer dans l’histoire… On peut même présager que beaucoup de NFT crées actuellement vont tomber dans l’oubli malgré la hype actuelle. Très peu de NFT ont un sens réelle et perçue.
.Je m’égare car au final, pour déformer la citation de Pascal, on est souvent d’accord pour dire que “l’art à ses raisons que la raison ignore”….
Et, si vous avez compris pourquoi l’urinoir de Duchamps ou les Matisse se revendent des millions et pourquoi on peut jubiler avec le syndrome de Stendhal, vous comprendrez certainement pourquoi certains NFT valent des millions, en effet.
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