À première vue, l’histoire de Nvidia est celle d’une entreprise californienne qui a anticipé la révolution de l’intelligence artificielle.
Mais pour qui observe le fil profond de l’innovation computationnelle, une autre réalité apparaît : l’ascension du GPU moderne doit autant aux premiers chercheurs en deep learning qu’aux cypherpunks minant du Bitcoin sur des cartes graphiques GeForce au début des années 2010.
Nvidia n’a pas seulement construit des processeurs.
Elle a fabriqué l’outil qui a permis au monde de redécouvrir la valeur du calcul — qu’il s’agisse de faire émerger l’IA… ou de sécuriser une monnaie libre, décentralisée et mondiale.
Aujourd’hui valorisée plus de 5 000 milliards de dollars, l’entreprise s’impose comme la colonne vertébrale computationnelle du XXIᵉ siècle.
À l’origine, Nvidia n’était qu’un pari audacieux sur la 3D. Puis, au fil des ruptures technologiques, l’entreprise a même tiré parti, indirectement, de l’essor du Bitcoin et des réseaux cryptographiques.
1993 : trois ingénieurs, une vision, et une intuition en avance sur le monde
Nvidia naît en 1993, fondée par trois ingénieurs :
- Jensen Huang
- Chris Malachowsky
- Curtis Priem
Leur thèse ?
Le futur ne se résumerait pas au CPU — processeur séquentiel, cœur du PC classique — mais à un nouveau type de calcul, massivement parallèle, conçu pour manipuler pixels, textures et transformations 3D.

À l’époque, cela parait ésotérique.
Le jeu vidéo n’est pas encore une industrie mondiale, encore moins un levier stratégique de calcul intensif.
Pourtant, en 1999, la GeForce 256 marque un tournant : Nvidia invente le GPU.
Personne ne le sait encore, mais Nvidia vient d’ouvrir la porte à deux révolutions :
- la simulation massive (le jeu, la 3D, l’ingénierie)
- la souveraineté computationnelle (IA, crypto, physique, science)
2006 : CUDA — une décision technique qui rebat les cartes du monde
En 2006, Nvidia annonce CUDA, une plateforme permettant aux développeurs d’utiliser le GPU comme un processeur scientifique.
Ce moment est fondamental pour l’histoire industrielle moderne, mais il passe inaperçu pour le grand public.
Pour la première fois :
- un GPU peut faire autre chose que des images
- il devient un accélérateur mathématique universel
- la porte s’ouvre sur l’IA moderne
- …et sur une aventure monétaire inattendue : Bitcoin
2009–2013 : Bitcoin et les GPU — l’école du calcul décentralisé
Lorsque Satoshi Nakamoto lance Bitcoin en 2009, la monnaie est minée sur CPU.
Puis très vite, les pionniers découvrent que les GPU Nvidia offrent une puissance bien supérieure pour le même coût énergétique.

Les forums de l’époque en témoignent :
wild rigs, ventilateurs surchauffés, cartes graphiques alignées sur des étagères bricolées.
Les premiers bitcoiners deviennent, malgré eux, des spécialistes du hardware computationnel.

Nvidia est au cœur de cette éducation collective du calcul.
Les ASIC supplanteront les GPU en 2013 — mais la graine est plantée : Le calcul distribué peut sécuriser un réseau monétaire, sans banque, sans État, sans centre.
Bitcoin a prouvé que le calcul n’est pas seulement une fonction technique, mais un outil de souveraineté.
Cette compréhension, Nvidia la portera plus tard dans l’IA.
2012–2020 : l’IA rencontre le GPU — et le monde bascule
Alors que les GPU quittent les caves des premiers mineurs de Bitcoin pour les laboratoires de recherche, une autre révélation advient.
En 2012, des chercheurs utilisent des GPU Nvidia pour entraîner un réseau neuronal capable de reconnaître un chat.
Un détail ? Pas vraiment.
C’est le moment où l’IA cesse d’être théorique et devient appliquée, scalable, économique.
La ruée commence.
- Tesla
- Microsoft
- OpenAI
- Les laboratoires militaires
- Les biotech et les climat labs
Tous convergent vers Nvidia.
Le monde entre dans l’économie du modèle, de la simulation, de l’apprentissage continu.
2020–2025 : Nvidia devient un acteur stratégique mondial
L’IA explose.
Chaque modèle plus puissant exige des quantités de calcul exponentielles.
Nvidia fournit :
- les puces
- les systèmes (DGX)
- les interconnexions (NVLink)
- le logiciel (CUDA + cuDNN)
- et bientôt : les datacenters clés en main
La demande dépasse l’offre.
La géopolitique s’en mêle.
Restrictions d’exportation vers la Chine.
Courses nationales au calcul souverain.
Coalitions techno-militaires.
Et Bitcoin aujourd’hui ? Le GPU comme héritage de souveraineté
Certes, le minage industriel repose désormais sur des ASICs. Mais le rôle de Nvidia dans l’écosystème Bitcoin demeure :
- analyse blockchain avancée
- simulation énergétique pour le minage
- conseil et visualisation de réseaux distribués
- recherche cryptographique
- outils ML sur données Bitcoin et Lightning
- défense cyber contre attaques réseau complexes
Et surtout — un héritage philosophique :
Le GPU a appris au monde que le calcul pouvait être un outil politique.
Bitcoin l’a utilisé pour libérer la monnaie.
L’IA l’utilise pour dominer les systèmes cognitifs.
Deux visions, deux directions.
Mais un dénominateur commun : la puissance de calcul comme base du pouvoir.
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