Faustin-Archange Touadéra : le président qui mise sur Bitcoin et la tokenisation

Touadera

Quand l’Histoire jugera les grands tournants économiques de l’Afrique, peut-être faudra-t-il se souvenir d’un homme : Faustin-Archange Touadéra, président de la République Centrafricaine.

Dans un pays enclavé, fragilisé par les guerres civiles et dépendant de l’aide internationale, il a choisi une voie inattendue : miser sur Bitcoin et la tokenisation des ressources naturelles pour bâtir une nouvelle souveraineté grâce au jeton $CAR.

C’est, pour l’instant, le seul président africain à avoir eu l’audace de légaliser le Bitcoin, sur un continent où les gouvernements se montrent généralement réticents, malgré un réel engouement populaire. En effet, l’Afrique figure parmi les zones les plus dynamiques au monde en matière d’adoption, avec notamment le Nigéria en tête des volumes d’échanges, suivi de près par des pays comme le Kenya, l’Afrique du Sud et le Ghana

Le parcours d’un professeur devenu président

Touadéra n’est pas un politicien classique. Professeur de mathématiques appliquées, puis recteur de l’Université de Bangui, il s’est forgé une réputation d’intellectuel sérieux avant d’accéder au pouvoir en 2016.

Mais gouverner la Centrafrique reste un défi colossal : insécurité chronique, pauvreté extrême, infrastructures absentes et dépendance au franc CFA.

Le contexte d’un pays oublié

La Centrafrique est souvent décrite comme un pays “oublié du monde”. Malgré un territoire immense et un sous-sol regorgeant de richesses – diamants, or, uranium, bois précieux – la population vit dans une misère endémique. Ces ressources, censées être une bénédiction, se sont transformées en malédiction : elles attisent convoitises, alimentent la corruption et financent les conflits armés.

La Centrafrique est ainsi prisonnière d’un paradoxe cruel : assise sur une richesse colossale, elle figure pourtant parmi les nations les plus pauvres et les plus fragiles de la planète.

Pour Touadéra, Bitcoin représente une porte de sortie : un outil d’inclusion financière et d’indépendance économique.

L’audace Bitcoin

En 2022, le pays surprend la planète en devenant le deuxième État au monde après El Salvador à adopter Bitcoin comme monnaie légale. L’objectif : ouvrir son économie à l’international et offrir à ses citoyens non bancarisés (plus de 80 % de la population) un outil monétaire mondial accessible via smartphone.

Le projet Sango : une idée novatrice mais controversée

Touadéra annonce alors le lancement du projet Sango, une initiative ambitieuse visant à créer une plateforme blockchain nationale où les ressources naturelles seraient tokenisées et accessibles aux investisseurs du monde entier.
Apres l’euphorie, le projet a suscité critiques et déceptions :

  • Manque de transparence et de suivi.
  • Communication floue.
  • Promesses jugées trop ambitieuses pour un pays sans infrastructures solides.

Les plus sceptiques ont même dénoncé un risque d’arnaque. Pourtant, beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que le problème n’était pas une volonté de tromper, mais plutôt une mauvaise gestion, un manque d’organisation et des moyens limités. Cela peut s’expliquer aisément en considérant l’état des infrastructures numériques du pays.

Vers la tokenisation sérieuse : le projet CAR Token

Aujourd’hui, Touadéra semble avoir retenu les leçons de Sango. Le pays a lancé une initiative plus structurée : le token CAR, centré sur la tokenisation des ressources naturelles. Grâce à ce processus, les investisseurs peuvent désormais accéder au marché foncier centrafricain de manière transparente.

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Site officiel Carmemecoin


Contrairement à Sango, ce projet paraît mieux suivi, plus sérieux et plus pragmatique :

  • Les objectifs sont plus clairs.
  • La gouvernance paraît plus encadrée.
  • La communauté crypto internationale observe avec davantage d’attention.

C’est une façon de montrer que la vision initiale – donner une valeur numérique et traçable aux richesses du pays – reste intacte, mais que l’exécution s’affine. Le token CAR vient alors remplacer le projet Sango. De fait, les investisseurs du projet Sango se sont vus rétribués en token CAR afin de poursuivre leurs investissements.

Pour la première fois, des investisseurs étrangers comme locaux peuvent accéder de manière transparente au marché foncier centrafricain, en contournant les lourdeurs administratives.

Comparaison avec El Salvador

Le parallèle avec El Salvador est incontournable. Le président Nayib Bukele a adopté Bitcoin en 2021, mais son approche diffère de celle de Touadéra.

  • El Salvador : le pays a massivement investi dans le Bitcoin lui-même, construit une stratégie autour du tourisme, des obligations Bitcoin (“Volcano Bonds”), et d’infrastructures comme Bitcoin Beach. La volonté est de transformer l’image du pays et d’attirer les capitaux étrangers.
  • Centrafrique : avec beaucoup moins de moyens, Touadéra mise davantage sur la tokenisation des ressources que sur l’accumulation directe de Bitcoin. Son pays n’a ni l’accès à la mer ni un écosystème touristique fort, mais il possède un sous-sol immense. L’idée est de transformer ces richesses dormantes en actifs numériques attractifs.
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Bitcoin Beach, El Zonte, El Salvador

L’un capitalise sur son ouverture géographique et son image modernisée, l’autre sur ses ressources naturelles et la quête d’une souveraineté monétaire en Afrique.

Une volonté de rupture

Pour Touadéra, l’essentiel est là : se libérer de la dépendance au franc CFA, attirer des capitaux étrangers et rendre aux Centrafricains la valeur de leurs ressources.

Qu’on y voie une utopie ou une vision d’avant-garde, il a placé son pays au centre du débat sur l’avenir monétaire et énergétique en Afrique.

Conclusion : un pari risqué, mais visionnaire

Le président Touadéra restera sans doute dans l’histoire comme l’un des premiers dirigeants africains à avoir osé miser sur Bitcoin et la tokenisation comme instruments de souveraineté. Le projet Sango a pu décevoir, mais il pourrait bien n’être qu’un premier pas, maladroit, vers une transformation plus profonde. Avec le token CAR, la Centrafrique tente de prouver qu’elle peut apprendre, corriger et avancer.

Ce pari est risqué, mais il a une portée symbolique immense : celle d’un petit pays enclavé qui ose défier l’ordre économique mondial et tracer sa propre route.


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