Nassim Nicholas Taleb, né en 1960 au Liban, est un écrivain, statisticien, trader et essayiste spécialisé en épistémologie des probabilités.
Il est également un brillant praticien en mathématiques financières. Proche du mathématicien Benoît Mandelbrot et du psychologue Daniel Kahneman, Nassim Taleb est surnommé “le dissident de Wall Street” sur les marchés financiers internationaux. Son originalité tient en effet à ceci qu’il a su mêler deux disciplines rarement confrontées à savoir la philosophie et la finance des marchés.
Avec une expertise dans l’évaluation des risques d’événements rares et imprévus, Taleb a été trader pendant 20 ans à New York et à Londres avant de devenir professeur.
Taleb est surtout connu pour ses travaux sur la théorie du chaos qui mêle différentes disciplines dont la finance et la philosophie. Il est l’auteur de plusieurs livres à succès, dont “Le Cygne noir : La puissance de l’imprévisible” et “Antifragile : Les bienfaits du désordre”, qui ont eu une influence significative dans le domaine de la gestion des risques et de la prise de décision.
Quels sont les points essentiels de la pensée de Nassim Taleb?
Nassim Nicholas Taleb est apprécié par de nombreux lecteurs et intellectuels pour sa pensée originale et ses contributions dans le domaine de la gestion des risques. Voici quelques-uns des points originaux de sa pensée qui ont suscité l’intérêt et l’appréciation :
- Le concept de “cygne noir” : Taleb a popularisé le concept de “black Swan” (cygne noir) pour décrire des événements rares, imprévisibles qui ont un fort impact dans l’histoire. Il soutient que ces événements sont souvent sous-estimés dans les modèles statistiques traditionnels et qu’ils peuvent avoir des conséquences profondes. Taleb met l’accent sur la nécessité de prendre en compte ces événements extrêmes et de gérer les risques de manière proactive.
- L’antifragilité : Taleb a introduit le concept d'”antifragilité”, qui va au-delà de la simple résilience. Il affirme que certains systèmes, individus ou organisations peuvent non seulement résister aux chocs et à l’incertitude, mais en fait en bénéficier. L’antifragilité implique une capacité à s’adapter, à apprendre et à se renforcer à travers les perturbations et les aléas.
- La critique des modèles prédictifs : Taleb remet en question l’usage excessif des modèles prédictifs et statistiques dans la prise de décision, en particulier lorsqu’ils sont appliqués à des systèmes complexes et incertains. Il soutient que ces modèles ont tendance à négliger les queues de distribution, c’est-à-dire les événements extrêmes, et qu’ils peuvent donner une fausse impression de certitude.
- La valorisation de l’expérience pratique : Taleb accorde une grande importance à l’expérience pratique et à l’apprentissage par essais et erreurs. Il critique l’accent excessif mis sur les connaissances théoriques abstraites et souligne l’importance de l’expérience concrète et de l’observation des phénomènes réels.
Ces idées ont été appréciées par de nombreux lecteurs et praticiens, car elles remettent en question les paradigmes établis et proposent une approche plus nuancée de la gestion des risques et de la prise de décision.
Taleb met l’accent sur l’importance de reconnaître l’incertitude et l’imprévisibilité, et sur la nécessité d’adopter une approche adaptative et résiliente dans un monde complexe et en constante évolution. Sa pensée a inspiré des discussions et des réflexions approfondies sur la gestion des risques et l’adaptation aux turbulences de la vie.
Quelles sont les opinions de Taleb sur le Bitcoin?
Au fil des années, Taleb a exprimé des opinions variées sur le bitcoin. Ses premières positions étaient plutôt favorable à Bitcoin qu’il voyait comme une réponse aux besoins des systèmes complexes en raison de sa conception décentralisée.
Cependant, ces dernières années, Taleb a révisé son point de vue sur le bitcoin et il est devenu toujours plus virulent concernant Bitcoin, le qualifiant tour à tour de “Ponzi“, de “tumeur maligne” et même de “détecteur à imbéciles”. C’est dire à quel point il mâche pas ses mots et à quel point il désavoue avec force l’existence même de Bitcoin.
Dans une publication intitulée “Bitcoin, Currencies, and Fragility“, Taleb affirme que le bitcoin “ne vaut rien” et que sa valeur réelle est égale à zéro ajoutant que bitcoin ne peut être considéré comme une “monnaie” en tant que telle.
Il remet en question la capacité du bitcoin à fonctionner comme une monnaie sans gouvernement, une couverture contre l’inflation et une réserve de valeur. Il conclut son essai en écrivant que “très peu d’actifs dans l’histoire financière ont été plus fragiles que le bitcoin”.
Son essai de quelques pages est un manifeste anti-bitcoin qui sert à de nombreuses personnes de référence pour désapprouver Bitcoin dans son ensemble.
Pour Taleb, le Bitcoin n’est pas une monnaie “anti-fragile”
Taleb soulève plusieurs points de critique à l’égard du bitcoin. Tout d’abord, il fait remarquer que contrairement à l’or et aux autres métaux précieux, le bitcoin nécessite un intérêt soutenu pour maintenir sa valeur. Il affirme que l’or et les métaux précieux sont en grande partie sans entretien, ne se dégradent pas sur un horizon historique et n’ont pas besoin de mises à jour pour actualiser leurs propriétés physiques. Ils existent sans avoir besoin des individus. En revanche, le bitcoin et les autres cryptomonnaies ont besoin d’un intérêt continu pour prospérer. C’est pour Taleb, une caractéristique dramatique de Bitcoin qui l’empêche de facto d’être une monnaie sans gouvernement légitime.
De plus, Taleb souligne la volatilité du bitcoin comme un problème majeur. Il note que depuis sa création, le bitcoin a maintenu une volatilité extrêmement élevée, oscillant entre 60% et 100%. Cette volatilité rend difficile l’utilisation du bitcoin comme une monnaie stable et facile à utiliser. Taleb estime qu’une monnaie efficace doit avoir une certaine stabilité et une facilité d’utilisation, des caractéristiques qui font encore défaut au bitcoin.
Enfin, Taleb soulève des préoccupations quant à la dépendance du bitcoin à la liquidité et à son fonctionnement en cas de crise financière ou de panne d’Internet. Il affirme que le bitcoin réagit fortement à la liquidité et que l’on ne sait pas ce qui se passerait si Internet subissait une panne, même dans une seule région. Ces facteurs contribuent à sa perception que le bitcoin n’est pas une couverture arrière efficace contre les risques systémiques. Pour Taleb, et suivant les perspectives de sa pensée, bitcoin n’est pas une monnaie “antifragile”.
Quelles sont les critiques adressées à Nassim Nicholas Taleb?
Nassim Nicholas Taleb est une personnalité controversée et ses idées ont suscité des critiques et des débats dans les cercles académiques et financiers.
Il lui est reproché son manque de rigueur méthodologique dans ses travaux. Ils affirment que ses arguments reposent souvent sur des anecdotes et des exemples isolés plutôt que sur des analyses statistiques rigoureuses.
Plus encore, sa méthodologie reposerait sur une simplification excessive de concepts complexes. Certains soutiennent que ses idées sont présentées de manière binaire, avec une forte opposition entre le fragile et l’antifragile, sans prendre en compte les nuances et les interactions complexes des systèmes réels.
Certains critiques affirment que Taleb est souvent coupable de “prédiction ex post facto“, c’est-à-dire qu’il interprète rétrospectivement les événements pour qu’ils correspondent à ses théories. Ils soutiennent qu’il attribue une signification rétrospective à des événements imprévisibles plutôt que de les avoir anticipés à l’avance de manière convaincante.
Enfin, de nombreuses personnes lui reproche son ton arrogant et pour le moins incisif. Il ne mâche pas ses mots comme on a pu le voir dans ses critiques virulentes contre Bitcoin. Il est souvent en conflit direct avec d’autres essayistes et au sein de l’écosystème Bitcoin, il est souvent en conflit d’idées avec l’économiste Saifedean Ammous, qu’il critique régulièrement pour ses positions pro-bitcoin.
Mot final
Alors qu’il était autrefois favorable à cette cryptomonnaie, il a récemment remis en question sa valeur et son utilité en tant que devise. Taleb soulève des inquiétudes concernant la volatilité du bitcoin, sa dépendance à la liquidité et son incapacité à fonctionner comme une monnaie stable. Ces critiques reflètent les préoccupations de Taleb quant à la fragilité du bitcoin et à sa capacité à remplir les rôles qu’on lui attribue.
On ne peut nier l’originalité de sa pensée et sa conception de “l’anti-fragilité” qui peut être une grille de lecture très pertinente dans le monde actuel. Le trader philosophe reste incontournable pour ceux qui veulent appréhender les systèmes chaotiques.
Cependant, il est important de noter qu’il est possible d’apprécier ces livres ou sa pensée sans devoir pour autant accorder une trop grande importance à ses analyses concernant Bitcoin. Ce n’est pas parce qu’il a été reconnu dans des domaines d’expertises telle que la finance ou les probabilités que sa parole est d’or concernant Bitcoin ou les cryptomonnaies. Il est important de savoir départager les différentes idées des auteurs et de ne “garder” que les idées les plus pertinentes, dans les domaines qui leurs sont propres.
De nombreux auteurs et essayistes, hélas, fort de leurs expertises et leurs reconnaissances pensent pouvoir expliquer Bitcoin à l’aune de leurs connaissances sans se rendre compte qu’ils n’ont pas tous les éléments pour juger convenablement bitcoin.
C’est ce qu’on appelle la “mélonite” ou “la maladie du Nobel” et peut-être bien que Nassim Taleb en souffre ? La question est ouverte…
Note : Ceci est un article d’opinion qui ne reflète pas nécessairement les vues du journal ZoneBitcoin.Tous les articles ne constituent pas des conseils en investissement.
[…] Anti-fragile, Anti-Bitcoin : Pourquoi Nassim Taleb est-il si virulent envers Bitcoin? […]
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