Le 29 mai 2025, le président de la République centrafricaine (RCA), Faustin-Archange Touadéra, a annoncé une initiative audacieuse : la tokénisation de plus de 1 700 hectares de terres nationales via la blockchain Solana, en utilisant le jeton national $CAR. Cette décision marque une étape majeure dans l’intégration des actifs numériques dans la gestion des ressources naturelles du pays.
Un projet pionnier : la tokénisation foncière en RCA
Par décret présidentiel, la RCA prévoit de rendre accessibles en ligne, dès juin 2025, des concessions foncières situées à l’ouest du village de Bossongo, à environ 45 km de la capitale, Bangui. Ces terres, équivalentes à près de 2 500 terrains de football, seront disponibles à l’achat via le jeton $CAR, fonctionnant sur la blockchain Solana.
Le décret fait référence au code minier du pays et aux lois de 2023 sur la tokénisation des ressources naturelles, suggérant que ces terres pourraient être destinées à des activités minières, notamment l’extraction d’or et de diamants.
Grâce au jeton $CAR, les détenteurs pourront participer et investir facilement dans des projets, ce qui permet également d’ouvrir le pays aux investissements étrangers
Le jeton $CAR : d’une memecoin à un outil utilitaire pour le pays
Lancé en février 2025, le jeton $CAR avait initialement suscité l’engouement en tant que nouveau memecoin, atteignant brièvement une capitalisation boursière de près de 900 millions de dollars avant de chuter brutalement en raison de préoccupations sur son utilité réelle. Certains médias et internautes sur les réseaux sociaux avaient cru qu’il s’agissait de “fake news”. Le président Touadéra a vite réagit en confirmant son annonce publiquement.
Cependant, la récente annonce de la tokénisation foncière a revitalisé l’intérêt pour $CAR. Le jeton a connu une hausse de 11 % le jour de l’annonce et une augmentation de plus de 127 % sur la semaine précédente, atteignant un prix de 0,053 $ et une capitalisation boursière d’environ 56 millions de dollars, avec plus de 20 000 détenteurs.
Une stratégie numérique ambitieuse
Cette initiative s’inscrit dans une série d’efforts de la RCA pour intégrer les technologies numériques dans son développement économique. Après une tentative avortée avec le projet Sango en 2022, le gouvernement semble tirer des leçons de ses expériences passées pour adopter une approche plus pragmatique et axée sur l’utilité réelle des actifs numériques. Par ailleurs, les investisseurs du projet SangoCoin se sont vu remettre des tokens CAR en échange de leurs Sango.
Le président Touadéra a souligné que cette démarche vise à inaugurer « une nouvelle ère d’accès et de transparence », en facilitant l’acquisition de terres et en renforçant la souveraineté numérique du pays.
Défis et critiques
Bien que prometteuse, cette initiative soulève des questions. La région ciblée pour la tokénisation a été associée à des activités minières controversées, notamment par des groupes comme Wagner présent dans le pays.
De plus, l’accessibilité numérique reste un défi majeur en RCA, où l’infrastructure technologique est limitée. La réussite de ce projet dépendra de la capacité du gouvernement à surmonter ces obstacles et à instaurer un cadre réglementaire solide pour encadrer l’utilisation des actifs numériques.
D’autres critiques proviennent des détenteurs de Bitcoin qui souhaiteraient que la Centrafrique présente davantage de projets liés à bitcoin directement, en permettant aux détenteurs de BTC d’investir, d’utiliser et de participer activement au développement du pays. Cela serait parfaitement possible dans la mesure ou le bitcoin est déjà une monnaie légalise dans le pays.
Conclusion
La tokénisation des terres en RCA via le jeton $CAR représente une tentative audacieuse de moderniser la gestion des ressources naturelles du pays en s’appuyant sur la technologie blockchain. Si elle est menée avec transparence et inclusivité, cette initiative pourrait servir de modèle pour d’autres nations cherchant à intégrer les actifs numériques dans leur développement économique.
Cependant, le succès de ce projet dépendra de la mise en place d’une infrastructure technologique adéquate, d’un cadre réglementaire clair et d’une gestion équitable des ressources, afin de garantir que les avantages de cette innovation profitent à l’ensemble de la population centrafricaine.