project mano en éthiopie

Project Mano : Comment Bitcoin pourrait renforcer l’économie de l’Éthiopie

7 mars 2023

Project Mano” est le nom d’une initiative lancée par un groupe anonyme d’éthiopiens afin de pousser le gouvernement Éthiopien à adopter Bitcoin et à l’inclure dans son plan économique. Le projet à reçu dernièrement le soutien du maximaliste bitcoin ; Jack Dorsey, l’ancien CEO de Twitter avant le rachat de ce dernier par Elon Musk. Ainsi, de plus en plus de personnes découvrent le projet Mano et certains s’en inspirent pour créer des villages bitcoin, par exemple.

Le projet connait un fort écho de la part d’autres membres de la communauté Bitcoin et plus particulièrement, celle résidant en Afrique. Cela s’explique par d’une part la proximité géographique mais aussi et surtout par la relative similarité de la situation économique du pays avec d’autres pays du continent.

Le project Mano est composé d’entrepreneurs et d’économistes basés en Éthiopie, convaincu que le bitcoin pourrait améliorer la vie économie et sociale du pays. Ils exhortent le gouvernement d’Addis-Abeba à suivre la politique pro-Bitcoin conduite par le président Nayib Bukelé au Salvador, qui à fait du pays le premier à avoir accepté bitcoin comme monnaie légale. Plus proche, l’initiative Sango en République centrafricaine menée par le président Faustin-Archange Touadéra veut faire du Bitcoin un véritable moteur pour l’économie nationale.

Dans cette mouvance, les membres du projet Mano ont publié sur leur site, un véritable plaidoyer pour l’adoption du Bitcoin qui servirait alors à “combattre la montée des inégalités et l’inflation mondiale”. Le programme de développement est axé sur 3 volets comprenant le minage du bitcoin, la détention de bitcoin dans la trésorerie ainsi que l’adossement du bitcoin à la monnaie nationale (ETB).

À la recherche de nouvelles opportunités pour l’Éthiopie

Le project Mano s’inscrit dans un contexte complexe pour l’Éthiopie qui traverse quelques difficultés politiques malgré la fin de la guerre du Tigré, en novembre 2022. Récemment, les États-Unis ont retiré l’Éthiopie du programme commercial de l’African Growth And Opportunity Act (AGOA). Washington pourrait alors mettre en péril indirectement une partie importante du secteur manufacturier naissant en Éthiopie.

C’était alors une véritable aubaine commerciale pour différentes entreprises travaillant dans le textile. En 2019, l’Éthiopie avait exporté pour 3 milliards de dollars de produits aux USA, le plus grand marché d’export pour le pays. Le retrait de l’AGOA pourrait réduire de moitié ce montant. Selon le journal Foreign Policy, cela toucherait plus de 200,000 personnes impliqué dans cet échange commercial.

Ainsi, l’Ethiopie recherche alors de nouvelles opportunités afin de contourner un telle perte commerciale, et l’initiative Project Mano se positionne également dans cette perspective.

Le project Mano et les partisans Bitcoin dans le pays

Les membres du Project Mano estiment que le minage de Bitcoin dans le pays ouvrirait la voie à d’autres protocoles propres à la finance décentralisée. Cela permettrait aux citoyens éthiopiens de disposer d’un pouvoir d’achat en Bitcoin, qui serait alors la manière forte pour luter contre l’inflation. Considéré par ses partisans comme une “valeur refuge” au même titre que l’or, posséder du bitcoin dans la trésorerie nationale permettrait alors au pays de combattre contre l’inflation galopante qui frappe le pays depuis une dizaine d’année.

cours birr etb ethiopie
Source : https://www.xe.com/fr/currencyconverter/convert/?Amount=1&From=EUR&To=ETB

Le holding de bitcoin serait alors utilisée comme couverture contre le taux d’inflation du birr éthiopien. Plus encore, il a été proposé que l’ETB soit adossé sur la valeur du Bitcoin afin que celui-ci puisse posséder une cotation qui ne soit plus lié aux taux de change internationaux. Selon les données de la banque mondiale, l’Éthiopie fait partie des économies avec les croissances les plus rapides. Cependant, avec une croissance estimée à 2% environ en 2023 et une forte pression inflationniste, le pays reste encore loin des objectifs de développement fixé par l’ONU.

L’inflation de la monnaie Éthiopienne (Birr)

En mars 2018, le Birr éthiopien (ETB) s’échangeait à 22 ETB pour 1 USD et l’échange dans le marché noir était proche de 25 ETB / USD. Au premier trimestre 2021, 1 USD vaut près de 46 ETB – près de 55 ETB sur le marché noir.

https://projectmano.com

À la recherche d’une nouvelle souveraineté

La récente sanction du gouvernement Biden concernant le retrait de l’Éthiopie de l’AGOA a rappelé aux Éthiopiens qu’ils peuvent être victimes des décisions de pays tiers. Les superpuissances étrangères ont actionné une sanction qui va nécessairement atteindre davantage la population éthiopienne que le gouvernement lui-même.

C’est dans cette optique que le projet Mano insiste sur la nécessité de rechercher une nouvelle souveraineté. Celle-ci, passe, pour les membres du projet, par la mise en place d’une monnaie nationale forte, qui ne soit pas soumises aux aléas des politiques monétaires. La souveraineté des Éthiopiens ne pourrait être plus longtemps tributaire des décisionnaires du système SWIFT ( NDLR : du système financier international).

Les activistes du Projet Mano insiste sur la nécessité de posséder une monnaie qui soit résistante à la censure, et qui ne soit pas manipulable selon les désidératas d’économistes en poste, comme c’est le cas du dollar américain, par exemple. Ils préconisent alors l’adoption du bitcoin, qualifié de sound money, décentralisé, non falsifiable et qui est non contrôlé ( et non contrôlable) par aucun État. C’est alors pour eux, la seule alternative possible et souhaitable à l’Éthiopie et a fortiori, sur tout le continent africain.

Il est de bon ton de rappeler que la recherche de souveraineté en Éthiopie fait écho à l’histoire du pays, qui est le seul avec la Sierra Leone a ne pas avoir subit l’invasion coloniale des puissances étrangères. À la lecture de cette histoire, le peuple Éthiopien semble alors particulièrement “apte” à adopter la monnaie libertaire ( dans ses fondements philosophiques tout du moins) , qu’est le Bitcoin.

L’Éthiopie est bien positionnée pour inclure bitcoin dans son plan de développement

Selon les membres du Project Mano, l’Éthiopie se trouve à un moment clé de son histoire, idéal pour commencer à adopter le Bitcoin. Voici les principales raisons invoquées :

  • Il y a un engouement pour le Bitcoin, les cryptomonnaies et la blockchain. Les Éthiopiens utilisent toujours plus bitcoin dans les plateformes d’échange peer-to-peer comme Paxful. Ce qui témoigne bien d’un cas d’usage effectif.
  • Le pays connaît des taux d’inflation élevée en raison de la situation économie internationale et du conflit internet (cf Guerre du Tigré).
  • Le déficit commercial ne peut être résolu uniquement par des investissements traditionnels et il y a une nécessité d’utiliser d’autres formes de financements. On peut ici citer les “Volcano Bond” du Salvador qui sont les premières obligations d’États financées en Bitcoin.
  • Le pays possède une production énergétique potentielle estimée à 6 369 MW qui n’est pas exploitée ni même attribuée actuellement. Cette capacité énergétique pourrait être utilisé pour le minage de bitcoin. Il est estimé que la production installée pourrait faire gagner au cours du bitcoin actuel, un montant d’environ 4 milliards de dollars par an au pays.

Le GERD ( Grand barrage de la Renaissance) comme point d’ancrage du Bitcoin

Le projet pharaonique de l’Ethiopie, connu sous l’acronyme de Gerd renvoie à la création du barrage sur le Nil qui traverse le pays. Cet ouvrage a été depuis sa conception avec l’empereur Hailé Sélassié au centre des vicissitudes politiques, économiques et géostratégiques.

Crédit Photo :© MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP, source : https://www.lepoint.fr/afrique/grand-barrage-de-la-renaissance-une-histoire-mouvementee-des-enjeux-multiples-16-01-2023-2504931_3826.php

À l’heure actuelle, le barrage peut fournir jusqu’à 6000 mégawatts avec l’implantation de treize turbines en action. Une capacité de 4000 watts a été attribué aux manufactures collaborant avec l’AGOA. Or, ces entreprises ayant été bannies et n’ayant plus de partenaires commerciaux pour exister, les membres du Project Mano proposent de réemployer cette capacité énergétique pour le minage de Bitcoin.

Les excès de production d’énergie sont très souvent un problème délicat à gérer car l’énergie non exploitée est tout bonnement gaspillée. Son utilisation peut nécessiter la création d’infrastructures supplémentaires qui s’avèrent coûteuses à mettre en place et d’autant plus, s’il faut atteindre des zones reculées. Le retard accumulé peut fatalement accroitre le gaspillage d’énergie et façonner un cercle vicieux de double pertes, qui soit à la fois économique et énergétique.

Récemment, une filiale de la société russe BitCluster à le projet d’ouvrir un centre minage à Addis-Abeba pour profiter de l’énergie du barrage.

Le Bitcoin, comme outil de développement ultime pour l’Éthiopie

La proposition des membres du Project Mano consiste alors à faire du minage du bitcoin dans la mesure où celui-ci ne demande pas de création ex nihilo d’infrastructures supplémentaires. Le matériel de minage peut être installé près du Gerd, par exemple afin de minimiser les besoins d’infrastructures liées. Effectivement, le minage de bitcoin pourrait générer des revenus immédiats sans avoir à créer de lignes de transmissions par exemple. Mieux encore, cela pourrait attirer de nouveaux capitaux étrangers et des entreprises de minage.

Selon le Project Mano, le Gerd pourrait enfin générer des revenus conséquents, qui seraient directement employables et réinjectés par le gouvernement dans l’économie du pays.

L’idée derrière est de pouvoir créer une économie circulaire basée sur le Bitcoin qui serait dans un horizon court et long terme, bénéfique pour le pays et l’ensemble de la population. C’est dans ce sens que les membres actifs derrière l’initiative Project Mano exhorte le gouvernement d’Addis Abbeba à étudier leurs propositions. Pour le moment, aucune réponse officielle n’a été apportée…

—> Voir le site officiel du Projet Mano

Voir aussi :

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Ines Aissani

Éditrice du journal ZoneBitcoin, tombée dans le terrier du Bitcoin et farouchement convaincue qu'il peut apporter une solution aux problématiques liée à l'inclusion financière.

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