La proposition d’amélioration du Bitcoin (BIP) 300, mieux connue sous le nom de Drivechains, se retrouve au centre de nombreuses discussions animées. Cette proposition, qui n’est pourtant pas nouvelle ( elle date de 2015), a récemment refait surface, suscitant des débats passionnés parmi les membres de l’écosystème Bitcoin.
Entre ceux qui défendent la proposition en y voyant une innovation majeure et d’autres qui refusent catégoriquement la proposition, voici ce que vous devez savoir sur les drivechains et leurs enjeux pour Bitcoin.
Qu’est-ce qu’une Drivechain?
La proposition de créer une “drivechain” a été suggéré par Paul Sztorc (@Truthcoin sur X), fondateur de LayertwoLabs dans le cadre de la BIP 300 et de la BIP 301. Il propose une nouvelle méthode permettant d’ajouter des fonctionnalités à Bitcoin en créant des chaînes latérales (sidechain) et supplémentaires appelés communément des layers 2. Cela permettrait alors à Bitcoin d’avoir des ponts entre des chaines distinctes.
Il est important de préciser ici qu’une sidechain se présente comme une blockchain secondaire qui est “reliée” à une blockchain principale. Elle possède des caractéristiques qui lui sont propres et ne modifie pas la chaine principale.
Paul Sztorc à déclaré au journal Decrypt que “Les sidechains sont une sorte Saint Graal en terme de mise à jour du Bitcoin ” en ajoutant que nous pouvons ajouter toutes les fonctionnalités que nous voulons tout en sachant qu’elles restent “facultatives” (opt-in). Parmi les dites fonctionnalités, il y a les smart contract ou l’ajout de tokens supplémentaires.
Quels sont avantages potentiels des drivechains?
Le principal avantage des drivechains est qu’elles permettraient d’ajouter des fonctionnalités à Bitcoin sans modifier sa couche principale. C’est d’ailleurs le propre de tous les layers 2 par principe. Cela signifie que les développeurs pourraient construire des réseaux avec toutes les fonctionnalités alternatives qu’ils souhaitent tout en héritant de la sécurité et de la robustesse du réseau Bitcoin.
Les sidechains sont destinées à améliorer la vitesse de traitement des transactions sur la blockchain tour en apportant de nouvelles fonctionnalités. De surcroît, une drivechain permettrait de transférer des actifs d’une chaîne à l’autre sans mettre en jeu l’intégrité des actifs déplacés. Ces transferts fonctionnent alors en verrouillant l’actif dans une transaction sur la chaîne principale, et en créant une transaction sur la chaîne latérale qui décrit l’actif verrouillé.
Les inquiétudes soulevées par la communauté
En dépit de l’enthousiasme de certains qui voient dans les drivechains de nombreux avantages, certains critiques ne sont pas convaincus que la mise en œuvre de drivechains serait bénéfique. Ils craignent que les drivechains ne soient qu’une excuse pour introduire des “shitcoins” sur le réseau Bitcoin, sans apporter de réelles utilités.
Sur ce point, Paul Sztorc répond que le BIP300 se distingue des protocoles tels que celui d’Ordinals par exemple( qui a levé une grande polémique également), dans la mesure où les tokens des drivechains serviraient uniquement la blockchain Bitcoin. Ils serviront par exemple à accroître la confidentialité et la rapidité des transactions.
Une autre préoccupation concerne le mécanisme de sortie (peg-out )des tokens drivechains vers Bitcoin.
💡Le peg-in et le peg-out font référence au mécanisme de déplacement d’actifs numériques entre difféérentes blockchains . Un peg-in implique le déplacement d’actifs d’une blockchain à une autre, tandis que le peg-out fait référence au retour des actifs dans la blockchain d’origine.
Pour ce faire, en effet, les utilisateurs devront faire confiance à 51% du taux de hachage pendant une durée déterminée de 6 mois afin de déverrouiller les fonctionnalités des drivechains. Si cela ne se produit pas alors les tokens sur la sidechain seront perdus. Naturellement, c’est un risque que peu de personnes sont enclines à prendre, ce qui peut se comprendre.
En fin, d’autres craintes concernent les implications d’une éventuelle centralisation du minage et les effets potentiels sur l’économie du minage bitcoin. Par exemple, la “valeur maximale extractible” (VME) par les mineurs pourrait rapidement compliquer les incitations économiques de Bitcoin si les mineurs percevaient plus d’avantages à traiter les transactions de drivechain plutôt que les transactions sur le réseau principal. Cela pourrait nuire au final à la robustesse et a la fiabilité du Bitcoin, qui n’a jusque là, montré aucun signe de faiblesse avec le système de récompense actuel.
Cependant, Sztork rétorque que les mineurs auraient tout intérêt à maintenir ces drivechains pour obtenir les récompenses des frais obtenus.
Il ajoute qu’une drivechain ne serait pas si différente que cela du Lightning Network par exemple, qui permet in fine de réaliser des transactions plus rapides et moins chères. Nous ajouterons que le ligtning est cette une sidechain mais qu’elle n’implique pas la création de nouveaux tokens.
Mot final
En fin de compte, il est clair que la proposition de drivechains est un sujet complexe qui soulève de nombreuses questions importantes. Cela ouvre le débat classique entre ceux qui défendent une vision conservatrice du Bitcoin et ceux qui souhaitent apporter des modifications qu’ils jugent essentielles.
Manifestement, c’est le cas de Sztorc qui estime que les drivechains vont apporter de nouvelles fonctionnalités à Bitcoin et que cela pourrait assurer “sa victoire” sur toutes les autres monnaies, qu’il s’agisse d’altcoin ou de la monnaie fiduciaire.
Il est bon de conclure en rappelant que les nouvelles propositions apportées au Bitcoin sont souvent sujets à controverses qui témoignent de la difficulté trouver un équilibre entre innovation et maturité du réseau.
Pour en savoir plus sur le sujet, vous pouvez consulter le site dédié “Drivechain.info” .
Remarque : Ceci n’est pas un conseil en investissement. Faites toujours vos propres recherches. N’investissez que des sommes que vous êtes prêt à perdre.