Dans le journal du New York Tribune datant du 4 décembre 1921, un article annonçant l’intention d’Henry Ford, le fondateur de la Ford Motor Company, de remplacer l’or par une monnaie énergétique. Celle-ci serait capable selon lui de “briser l’emprise des élites bancaires sur la richesse mondiale et de mettre fin aux guerres”.
Pour cela, Henry Ford avait imaginé construire “la plus grande centrale électrique du monde” et en créant un nouveau système monétaire basé sur des “unités d’énergie”. L’industriel proposait alors de créer un système de change énergétique qui établirait la cotation de la monnaie selon la quantité d’énergie utilisée.
Il faut savoir que Henry Ford n’a jamais réalisé cette idée. Cependant, cette idée révolutionnaire à l’époque ne semble pas avoir pour autant complètement disparue. En effet, pour de nombreux bitcoiners, cette monnaie énergétique se rapproche fortement du Bitcoin.
La preuve de travail, la consommation énergétique et Bitcoin
Le bitcoin fonctionne sur un protocole de consensus appelé “preuve de travail ( Proof of work)” qui permet de valider et de sécuriser les transactions sur leur réseau. Dans ce type de réseau, les mineurs doivent résoudre un problème mathématique complexe pour créer un nouveau bloc de transactions. Or, pour résoudre ces problèmes complexes, les mineurs utilisent d’énormes quantités de puissance de calcul qui s’exécute des ordinateurs spécialement conçus comme des ASICs. La concurrence pour résoudre le problème incite les mineurs à augmenter leur puissance de calcul, ce qui entraîne une consommation d’énergie considérable.
Ainsi, fondamentalement, le bitcoin peut être mesuré et déterminé en terme de puissance énergétique. Lorsque le Bitcoin a été lancé en 2009, il n’avait pas une valeur déterminé. La première fois que le bitcoin a reçu une cotation en dollar, c’était sur le site New Liberty Standard qui estimait le prix du bitcoin selon le coût en électricité.
“Il s’agit simplement de penser et de calculer dans des termes différents de ceux qui nous sont imposés par le groupe bancaire international auquel nous sommes tellement habitués que nous pensons qu’il n’existe pas d’autre norme souhaitable”.
Henry Ford, 1921
Une idée qui continue son histoire
Son idée est certes intéressante d’autant plus lorsqu’on connait le Bitcoin mais rappelons qu’il y a des différences toutefois entre la “monnaie énergétique” de Ford et Bitcoin. La première et grande différence tient à l’offre limitée du bitcoin qui s’oppose à l’offre illimitée de la monnaie énergétique de Ford.
Toutefois, rappelons qu’Henry Ford a proposé cette idée dans un contexte où le système était basé sur convertibilité entre l’or et le dollar, avant son abolition par Nixon, en 1971. Pour Ford, l’accumulation de richesse permise par l’or servait principalement à financer des guerres par les élites bancaires. Il a écrit : “Le mal essentiel de l’or dans sa relation avec la guerre est le fait qu’il peut être contrôlé. Brisez le contrôle et vous arrêterez la guerre”. Il pensait ainsi que ce nouveau système d’une monnaie énergétique empêcherait de financer des guerres.
Ce qui est d’autant plus intéressant – un siècle plus tard – c’est que de nombreux adeptes du bitcoin pensent que précisément le Bitcoin, de par sa caractéristique déflationniste peut empêcher les guerres.
Voir aussi :
- Le bitcoin peut-il empêcher les guerres?
- Le lien entre les Pierre de Yap et Bitcoin
- Bitcoin est le lien entre la thermodynamique
- L’abandon de la convertibilité entre le dollar et l’or par Nixon, en 1971
- Comment le Bitcoin peut résoudre l’effet Cantillon?
- Les idées préconçues sur le Bitcoin et la réalité
- Le bitcoin est-il une sound money?
- Le système fractionnaire et Bitcoin