L’Argentine, un pays aux prises avec une inflation effrénée depuis des décennies voit émerger un nouveau visage politique : Javier Milei. Lors de la primaires des présidentielles, le candidat de l’extrême droite a obtenu plus de 30% des votes, ce qui le place parmi les favoris lors des élections présidentielles qui auront lieu le 22 octobre prochain.
Alors que le pays souffre d’une inflation de 115% actuellement, faisant basculer la moitié de la population sous le seuil de pauvreté, ce nouveau candidat incarne une lueur d’espoir pour la population la plus défavorisée.
Économiste de formation et fervent défenseur de l’ultralibéralisme, Javier Milei se campe sur des positions radicales pour transformer le paysage économique et social de l’Argentine. Figure controversé, celui qu’on nomme le « Trump Argentin » est considéré comme un partisan pro-Bitcoin, bien qu’il n’ait pas ouvertement exprimé sa volonté d’en faire une monnaie légale dans le pays.
Mais qui est Javier Milei et comment envisage-t-il de sauver l’Argentine de ses crises économiques récurrentes ? Est-il réellement le partisan pro-Bitcoin que les médias dépeignent?
Un économiste devenu phénomène politique
Javier Milei, né le 22 octobre 1970, est un économiste et homme politique argentin se définissant comme « anarcho-capitaliste ». Diplômé de deux masters en économie, il s’est d’abord fait connaître comme expert pour des fondations d’analyse économique et des organismes de prévoyance privée.
C’est cependant son passage à la télévision argentine qui l’a propulsé sur le devant de la scène. Sa rhétorique incendiaire et ses prises de position controversées ont fait de lui une figure médiatique incontournable, et lui ont permis de gagner une importante base de soutien. À ce titre, son ascension fait rappeler celle de Eric Zemmour en France, qui était très visible sur les chaines télévisées dont cNews avant les élections présidentielles françaises.
Pour pousser la ressemblance avec Zemmour, Milei est connu pour ses propos virulents et véhéments dans laquelle il fustige les anciens présidents et gouvernements.
Il dénonce les politiciens qu’il traite de « rats » formant « une caste de parasites » et insulte tout interlocuteur qui n’est pas d’accord avec lui. « Zurdos de mierda », leur dit-il, « gauchistes de merde ».
Javier Gerardo Milei : diable ou sauveur du libéralisme ?
Son ascension politique a débuté en 2021, lorsqu’il a été élu député de la ville de Buenos Aires avec 17,06 % des voix, le plaçant ainsi comme le député le mieux élu de la capitale. Lors
Fort de ce succès, Milei s’est lancé dans la course à la présidence de l’Argentine avec un programme radical de réformes économiques.
Un programme économique radical
Javier Milei se présente comme un défenseur acharné du libre marché et de l’ultralibéralisme économique. Il propose une série de mesures radicales pour lutter contre l’inflation et relancer l’économie argentine.
Parmi ses propositions figure la suppression de la banque centrale argentine, qu’il considère comme une « arnaque » source d’instabilité économique. Il prône également la dollarisation de l’économie argentine pour stabiliser la monnaie et lutter contre l’inflation. Ainsi, si le candidat est élu, le pays utiliserait alors le dollar américain et le peso argentin serait entièrement supprimé.
Milei propose de réduire drastiquement les dépenses publiques, notamment en supprimant certains ministères et en privatisant de nombreux secteurs de l’économie. Il est également favorable à la libéralisation totale de l’économie, y compris la mise en place d’un marché pour l’achat d’organes humains qu’il considère comme un marché comme un autre. Il est également pour le libre port d’armes dans le pays.
Des positions sociales conservatrices
En plus de ses positions économiques radicales, Javier Milei a également des vues conservatrices sur certaines questions sociales. Il est résolument contre l’avortement légal, qu’il qualifie d’atteinte aux droits de propriété du fœtus. Il est également en faveur du port d’armes, affirmant que c’est un droit fondamental des individus.
Ces positions, ainsi que sa rhétorique provocante et parfois insultante, ont attiré de nombreuses critiques. Toutefois, elles semblent également avoir séduit une partie de l’électorat argentin, en particulier les jeunes et les habitants des quartiers pauvres qui souhaitent un changement radical de la politique.
Une popularité croissante malgré les controverses
Malgré les controverses, la popularité de Javier Milei ne cesse de croître. Son approche populiste et anti-establishment semble attirer les électeurs, en particulier la jeunesse et les quartiers pauvres. Son discours de victoire lors des primaires a été marqué par des promesses audacieuses de faire de l’Argentine une « puissance mondiale ».
Cependant, la popularité de Milei ne se limite pas à l’Argentine. Il a également réussi à attirer l’attention internationale, notamment en raison de ses comparaisons avec d’autres figures politiques controversées, telles que Donald Trump ou encore Jair Bolsonaro. Le parti qu’il a fondé « La Libertad Avanza » est une coalition qu’il décrit lui-même comme relevant du libertarianisme et de l’extrême droite.
Quelle est la position de Javier Milei sur le bitcoin?
Depuis 2016, l’Argentine mène une guerre contre une inflation redoutable causée par des facteurs économiques multiples et complexes. Cela a amené plus de 37% de la population sous le seuil de pauvreté avec une dépréciation constante du pouvoir d’achat des citoyens. En 2022, le pays enregistre une sixième récession économique en l’espace d’une seule décennie.
Dans ce contexte, de nombreux argentins se sont tournés vers le bitcoin comme rempart à l’inflation. Pour de nombreuses personnes, le Bitcoin pourrait dynamiser l’économie de l’Amérique latine.
Lire l’article : Comment le bitcoin est une protection contre l’inflation?
Ainsi, avant même l’arrivée de Javier Milei, le gouvernement argentin a une politique que l’on peut juger de crypto-friendly, dans la mesure où il est déjà possible de payer ses impôts en cryptomonnaies.
Javier Milei, a déclaré qu’il était partisan du Bitcoin et cela a amené de nombreux bitcoiners à le soutenir. Cependant, sa position n’est pas comparable à celle affichée par Nayib Bukele, qui a fait du bitcoin une monnaie légale dans le pays. En effet, Javier Milei souhaite instaurer le dollar américain et ne s’est pas ( encore) prononcé sur la légalisation du bitcoin en Argentine.
Ainsi, le soutien des bitcoiners pour le candidat Javier Milei doit être compris dans un ensemble afin de ne pas occulter les positions extrêmes qu’il défend en parallèle. Il serait en effet dangereux de soutenir un candidat uniquement pour son appréciation du Bitcoin et fermer les yeux sur le reste de son programme.
Un avenir politique incertain
Malgré son succès aux primaires, l’avenir politique du candidat anti-système Javier Milei reste incertain. Sa rhétorique provocante et ses positions radicales ont certes séduit une partie de l’électorat, mais elles ont aussi suscité beaucoup de controverses et de critiques. De plus, son manque d’expérience politique et l’extrémisme de certaines de ses propositions pourraient constituer des obstacles à son élection à la présidence.
Quoi qu’il en soit, l’émergence de Javier Milei comme figure politique majeure en Argentine témoigne d’un mécontentement croissant face à la situation économique du pays et à l’incapacité des partis traditionnels à y apporter des solutions. Qu’il parvienne ou non à concrétiser ses ambitions présidentielles, Milei a déjà réussi à secouer le paysage politique argentin et à stimuler le débat sur les politiques économiques et sociales dans le pays et dans le monde.
Conclusion
Javier Milei est un nouveau visage d’une idéologie extrême qui a su capter l’attention de l’électorat argentin par sa rhétorique provocante et ses positions économiques radicales. Bien que controversé, Milei représente une alternative au statu quo politique en Argentine et propose une vision radicalement différente pour l’avenir économique du pays. Après des décennies de crises économiques, les argentins cherchent une solution radicale pour sortir enfin la tête de l’eau.
Seul l’avenir dira si ses propositions audacieuses seront suffisantes pour convaincre les électeurs argentins de lui confier les rênes du pouvoir.
L’inflation élevée en Argentine est un problème complexe qui a des racines profondes dans l’histoire économique du pays. Malgré les efforts du gouvernement pour contrôler l’inflation, le pays continue de faire face à des défis économiques majeurs. Il est clair que des réformes structurelles et une gestion économique prudente seront nécessaires pour surmonter ces défis et stabiliser l’économie argentine à long terme.
Enfin, il est important de rappeler que le candidat de l’extrême droite qui se revendique du Bitcoin ne doit pas laisser la place aux amalgames. Le Bitcoin en tant qu’innovation financière est apolitique et qu’il ne doit pas instrumentalisé par des partis politiques, de quelque bords qu’ils soient.
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