En 2021, la Banque centrale du Nigeria (CBN) avait imposé une interdiction complète aux banques de s’engager avec les devises numériques.
Cependant, deux ans plus tard, l’institution financière a fait volte-face, assouplissant les restrictions imposées aux banques nigérianes facilitant les transactions cryptographiques. Cela est une annonce reçue positivement par une grande partie de la population nigérienne, qui est la deuxième population au monde à utiliser le plus les cryptomonnaies, après l’Inde selon une étude de Chainalysis.
Devant un tel engouement pour les cryptomonnaies, le gouvernement du pays semble alors s’incliner (par dépit?) avec les usages et la volonté de la population. Cela correspond aussi avec les tendances actuelles mondiales de l’usage toujours plus important des cryptomonnaies, et ce, dans différents secteurs.
Les nouvelles directives de la CBN
Selon un communiqué circulaire envoyé aux banques le 22 décembre, la CBN a reconnu que la demande globale croissante et l’adoption de la crypto rendent injustifiable le maintien des restrictions rigoureuses imposées aux institutions financières en 2021. Dans ce document, la CBN a établi des normes et des exigences minimales pour l’établissement de relations bancaires et l’ouverture de comptes pour les fournisseurs de services d’actifs virtuels (VASPs) au Nigeria.
Ainsi, « la CBN du Nigeria a supprimé les restrictions sur les transactions en crypto-monnaie. L’ordonnance initiale de 2021 interdisait aux banques les transactions liées à la cryptographie.
La dernière circulaire donne cependant des directives claires en faveur de la cryptographie, mais avec des contrôles rigoureux de KYC et de lutte contre le blanchiment d’argent pour les clients ».
Cependant, les institutions financières sont toujours interdites de détenir, de négocier ou d’effectuer des transactions en cryptomonnaie en utilisant leurs propres comptes. Elles devront passer par des intermédiaires reconnus comme VASPs pour ce faire, ce qui représente malgré tout un assouplissement des restrictions.
Lancement de la cNGN, une nouveau stablecoin pour une nouvelle économie
En plus d’assouplir les règles pour les transactions cryptographiques, les grandes banques du Nigeria ont collaboré pour créer et superviser une nouvelle stablecoin appelé la « cNGN ». Cette nouvelle monnaie numérique a été conçue pour apporter des avantages à la fois aux détenteurs de tokens et à l’économie nigériane dans son ensemble.
La cNGN est adossée et indexée sur le naira nigérian, la monnaie fiduciaire du pays. Comme les stablecoins populaires, la cNGN offre une interopérabilité avec diverses blockchains publiques, facilitant les transferts globaux sans effort et élargissant son utilisation dans les opérations commerciales.
« La cNGN est une stablecoin soutenue par un consortium, conforme et régulée. Elle maintient une parité avec le naira dans un compte de réserve bancaire »
Quelle est la différence avec le eNaira?
Contrairement à la monnaie numérique de la banque centrale eNaira, la nouvelle stablecoin est développée et hébergée sur des blockchains publiques (comme Polygon, Ethereum, BNB Smart Chain et Tron). Elle est pilotée par des entreprises de technologie blockchain et fintech de premier plan, avec de grandes banques agissant en tant que dépositaires agréés.
La monnaie numérique eNaira avait reçu de fortes critiques de la part de la population en raison de sa non-opératibilité avec d’autres blockchains. Celle-ci fonctionnait comme une monnaie électronique basique sans les atouts des cryptomonnaies hébergées sur des blockchains. Les nigérians ne pouvaient utiliser le eNaira que sur un portefeuille nationale dédié, ce qui empêchait grandement les échanges et les transactions quotidiennes. En revanche, avec le cNGN, des transactions sur différentes blockchains le rendront plus populaires auprès de la populations et des entreprises.
Conclusion
Alors que le Nigeria a historiquement eu une approche restrictive envers les cryptomonnaies, ces dernières annonces marquent un changement significatif dans l’attitude du pays envers les actifs numériques.
La levée des restrictions sur les transactions cryptographiques par la CBN et le lancement de la cNGN soulignent l’importance croissante de la technologie blockchain et des cryptomonnaies dans l’économie nigériane. Il est clair que le pays est désormais prêt à adopter les avantages de la technologie blockchain et à en explorer davantage les possibilités.
Les implications de ces actions pour l’avenir des cryptomonnaies au Nigeria restent à observer de près. Il est intéressant de voir que le changement de paradigme au sein du gouvernement s’effectue selon une approche dite « bottom-up », c’est-à-dire de la population vers le gouvernement. Pour de nombreux experts, c’est là, la meilleure manière de favoriser l’adoption du bitcoin dans un pays et dans le monde.
Les nigérians font partie des peuples les plus enthousiastes dans leurs usages des cryptomonnaies et le gouvernement semble comprendre – lentement- les avantages que cela pourrait apporter au pays.
Cette décision ajoute également de l’espoir pour les pays qui connaissent des interdictions d’utiliser le Bitcoin comme le Maroc ou l’Algérie de pouvoir un jour, voir les lois être en faveur de ce dernier…
Inch’Allah, comme on dit alors.
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