Cet article est une traduction de l’article original paru dans Bitcoin Magazine, ici.
Les élections sont terminées, et Trump va redevenir président. Il a accompli quelque chose qui n’avait pas été fait depuis Grover Cleveland dans les années 1800 : une réélection réussie après avoir perdu son premier mandat. Dans cet espace, beaucoup célèbrent cela comme une sorte de victoire pour Bitcoin, mais c’est très loin de la réalité.
Ross (Ulbricht) sera probablement libéré. Trump est bien trop orgueilleux pour revenir sur une promesse de campagne aussi triviale à tenir, donc il le fera probablement. C’est trop facile, et il pourra s’en vanter en prenant tout le crédit qui va avec, donc cela arrivera certainement.
Mais c’est là que toute initiative significative s’arrêtera. Une réserve stratégique en bitcoin ne verra pas le jour sans l’approbation du Congrès. Même les actifs saisis, par la loi, doivent être vendus sur le marché libre. Rien dans l’étendue de l’autorité que je connais de Trump ne lui permet de pousser unilatéralement le gouvernement fédéral à commencer à acheter du bitcoin. Même si, par miracle, le Congrès adoptait une telle législation, en quoi cela serait-il bénéfique pour le Bitcoin ? Un gouvernement accumulant du Bitcoin ne le rendra ni plus évolutif, ni plus privé, ni à l’abri des abus et interférences du gouvernement. Cela n’aiderait pas non plus à rembourser notre dette : l’augmentation de prix nécessaire pour un tel résultat est, franchement, une illusion.
Le résultat le plus probable est une continuité des mêmes politiques suivies jusque là. Plus d’attaques sur la confidentialité des transactions Bitcoin. Plus de régulations envahissantes sous forme d’exigences de KYC (connaissance du client) et d’AML (lutte contre le blanchiment d’argent). Les mineurs seront probablement davantage surveillés alors que le Bitcoin continue de gagner toujours plus en importance sur la scène politique mondiale. La question de leur responsabilité et de leur implication dans la validation de transactions sanctionnées ou « indésirables » circule déjà depuis quelques années à Washington, et le ton de ces discussions risque de devenir alors plus sérieux.
Les plateformes d’échange et autres points d’entrée/sortie seront probablement poussés à surveiller leurs utilisateurs de manière encore plus invasive, sous prétexte de combattre le terrorisme, la criminalité, le trafic d’enfants, etc. Tous les épouvantails traditionnels du monde numérique seront utilisés, et l’étau réglementaire se resserrera. Certes, Trump pourrait militer pour inscrire la conservation personnelle (self-custody) comme un droit, mais cela suffira-t-il à offrir une réelle liberté sans confidentialité ? Sans résistance à la censure ?
Trump a même parlé à Nashville des réglementations et de l’expansion des stablecoins (cryptomonnaies stables). « Ceux qui voient Bitcoin comme une menace pour le dollar ont tout faux. » Il veut promouvoir des stablecoins adossés au dollar partout dans le monde, en exploitant une nouvelle voie pour exporter notre inflation sans besoin de diplomatie. Les gens dans d’autres pays pourront simplement les utiliser, sans que leur gouvernement ait besoin de dollariser leur économie ou de détenir des réserves en dollars. Il suffit de télécharger une application et de commencer à les utiliser. L’approche qu’il souhaite adopter envers Bitcoin et les cryptomonnaies donnera un nouveau souffle au dollar et poussera Bitcoin sur une voie de stagnation et de capture.
Les gens applaudissent cela comme une victoire pour Bitcoin, mais en réalité, c’est le début d’une nouvelle bataille. La question reste ouverte : pourrons-nous traverser cette épreuve et en sortir sans devoir faire des compromis sérieux, voire dramatiques ?
Article original écrit par Shinobi.