democratie beyond

« Beyond Democracy » de Frank Karsten : La démocratie est un désastre

Au-delà de la démocratie : Pourquoi la démocratie ne mène pas à la solidarité, à la prospérité et à la liberté, mais à des conflits sociaux, des dépenses incontrôlées et un gouvernement tyrannique.
10 mars 2024

La démocratie est souvent considérée comme le meilleur système politique imaginable. Cependant, les auteurs Frank Karsten et Karel Beckman remettent en question cette idée dans leur livre « Beyond Democracy » (Au-delà de la démocratie) publié en 2012. Frank Karsten est le fondateur de l’organisation libertarienne « More Freedom » au Pays-Bas et le co-fondateur du « Mises Institute Netherlands« . Il se présente comme un fervent défenseur de la non-interférence de l’État dans la vie des citoyens.

Le livre peut être intéressant à plusieurs égards dans la mesure où il questionne un concept que l’on pense acquis depuis l’antiquité, à savoir celui de la démocratie. En allant à l’encontre de la pensée commune, les auteurs affirment que la démocratie ne conduit pas à la liberté, à la civilisation, à la prospérité, à la paix et à l’état de droit, contrairement à ce que l’on pense généralement.

Au contraire, pour eux, la démocratie telle que nous la connaissons entraîne une perte de liberté individuelle, l’augmentation de conflits sociaux, des dépenses gouvernementales incontrôlées et une baisse générale de la qualité de vie.

Dans cet article, nous explorerons les arguments clés présentés dans le livre et examinerons les implications de ces idées.

Les 12 mythes de la démocratie

Les auteurs du livre « Au-delà de la démocratie » déboulonnent 13 grands mythes qui sont généralement utilisés pour défendre l’idée que la démocratie est le meilleur régime politique.

  • Le mythe selon lequel chaque vote compte : Les chances qu’un individu puisse changer quelque chose lors d’une élection sont insignifiantes, et il ne peut pas voter pour quelqu’un avec qui il est entièrement d’accord car une telle personne n’existe pas. Les auteurs rappellent que la démocratie est avant tout, comme l’avait écrit Aristote, « la tyrannie de la majorité. L’individu est noyé dans la masse et sa voix individuelle ne compte pas.

  • Le mythe selon lequel les gens gouvernent dans une démocratie : Il n’y a pas « le peuple », mais des millions de personnes ayant des intérêts différents dans certains domaines et semblables dans d’autres. Ce sont les politiciens qui prennent les décisions à la place des individus en faisant fi des singularités de chacun. Le pouvoir en réalité appartient aux politiciens qui décident à la place du peuple, parfois, de façon très éloignée de ce que le « peuple » avait décidé. C’est ce qui explique les nombreuses manifestations et contestations que connaissent les peuples démocratiques.

  • Le mythe selon lequel la majorité a raison : Il n’y a pas de pouvoir magique de la majorité qui la rend juste uniquement parce qu’elle est majoritaire. Il arrive souvent que la majorité s’unisse pour spolier la minorité. Il arrive aussi très souvent que la majorité à tord. Le goût mitoyen du peuple n’est pas un gage de la qualité, mais seulement de la quantité.

  • Le mythe selon lequel la démocratie est politiquement neutre : En réalité, il y a toujours une tendance à la collectivisation et à l’expansion de l’État lui-même.

  • Le mythe selon lequel la démocratie conduit à la prospérité : C’est une erreur d’inférence de causalité, car selon la théorie économique autrichienne, les incitations sont faussées, ce qui entraîne une dépense excessive, une augmentation de la dette et une appauvrissement de la population. C’est un mythe cultivé avec l’idée que les pays les plus riches seraient démocratiques. Des pays comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou encore la Chine viennent prouver le contraire. La démocratie n’a pas d’influence sur l’économie de façon directe.

  • Le mythe selon lequel la démocratie est nécessaire pour redistribuer les richesses et aider les pauvres : En réalité, cela revient à redistribuer des ressources de la classe productive vers les groupes de pression les mieux organisés. En réalité, ceux qui bénéficient le plus des richesse de l’État sont les agences et organisations liés à l’État lui-même. La bureaucratie, les agences de lobbys, les politiciens sont ceux qui profitent de la redistribution des richesses.

  • Le mythe selon lequel la démocratie est nécessaire pour vivre en harmonie les uns avec les autres : Les auteurs donnent l’exemple hypothétique d’un vote pour décider si les gens doivent manger du pain blanc ou du pain complet. Finalement, il faut se plier devant les goûts de la majorité. Nécessairement, une partie du groupe sera lésée dans son choix. Dans ce cas, le résultat du vote causerait plus de conflits que d’harmonie.

  • Le mythe selon lequel la démocratie est nécessaire pour créer un sentiment de communauté : En réalité, la démocratie est une affiliation obligatoire, tandis que le sens de la communauté dépend de la participation volontaire.

  • Le mythe selon lequel la démocratie est équivalente à la liberté et à la tolérance : De nombreuses libertés que nous avons aujourd’hui n’ont pas été acquises grâce à la démocratie, mais grâce à des traditions antérieures à l’instauration de ces constitutions démocratiques.

  • Le mythe selon lequel la démocratie favorise la paix et aide à lutter contre la corruption : Il y a eu une intensification des guerres dans les démocraties, et avec les « droits » démocratiques viennent les devoirs de se battre. La corruption est également liée aux États puissants, indépendamment du régime politique. Les pays démocratiques entrent autant en guerre, voire plus que les autres pays. Les États-Unis ont participé et initié de nombreuses guerres ( Afghanistan, Irak, etc) sous couvert de la démocratie.

  • Le mythe selon lequel les gens obtiennent ce qu’ils veulent dans une démocratie : La planification bureaucratique des réglementations démocratiques ne produit pas les résultats souhaités. La démocratie entraine toujours plus de lois et de codes, ce qui empêche la rapidité des actions entreprises.

  • Le mythe selon lequel nous sommes tous démocrates : La participation obligatoire à la démocratie donne l’illusion que les gens aiment la démocratie, mais si les gens pouvaient choisir de déménager dans une ville située à 20 km de distance, avec des impôts beaucoup plus bas et moins de bureaucratie, beaucoup le feraient, même s’ils étaient privés de leur droit de vote.

Les conséquences néfastes de la démocratie

Dans la deuxième partie du livre, les auteurs examinent les conséquences néfastes de la démocratie. Ils affirment que le processus démocratique national est totalement incapable de résoudre les problèmes qu’il engendre. Au contraire, il est très doué pour produire de la bureaucratie, du parasitisme, du clientélisme, la hausse des comportements antisociaux et criminels, de la médiocrité et des normes inférieures, une culture de mécontentement et une vision court-termiste des changements politiques.

livre beyond democracy

Note : Il est possible de se procurer le livre en anglais, sur Amazon.

Quelle alternative est proposée?

Ce livre qui nous éclaire sur les failles de la démocratie propose une troisième partie ( brève) sur une alternative possible.L’idéal selon les auteurs serait une société construite sur la décentralisation et la liberté individuelle basée sur une société contractuelle. Finalement, la vision décrite se glisse dans une idéologie libertarienne où la liberté des individus est mis au centre plutôt que la liberté de la majorité du peuple. Si l’on creuse, c’est aussi très proche de l’idéologie anarchiste proudhonienne où l’organisation sociale est pensé sans autorité coercitive. Cependant, dans le livre, l’idéologie anarchiste n’est pas prônée ni mise en avant, malgré la similitude des vues développées. On peut y voir une idéologie libertarienne extrême où la démocratie serait remplacée par une multitude de micro-États où chaque individus seraient libre d’agir selon son (bon) vouloir. L’État aurait moins de pouvoir et moins d’organisations et de nombreuses règles seraient soumises à la volonté des individus organisés en « fédération ».

Les auteurs citent la Suisse comme un exemple très proche d’une société libre, bien que perfectible, où il existe une certaine concurrence entre les municipalités, permettant une migration interne plus facile, sans la nécessité d’une migration physique. Rappelons que la Suisse fonctionne avec un Conseil fédéral, un collège de 7 membres, qui prend ses décisions par consensus.

Avis final

Le livre « Au-delà de la démocratie » remet en question de façon drastique l’idée selon laquelle la démocratie est le meilleur système politique. Les auteurs explorent les faits qui montrent que la démocratie ne conduit pas à la liberté, à la prospérité et à la solidarité, mais plutôt à des conflits sociaux, à des dépenses incontrôlées et à un gouvernement tyrannique.

Ça, c’est la thèse des auteurs et elle est peut être sujette à de nombreuses critiques. On peut reprocher dans le fond du livre un manque de ressources littéraires et de statistiques qui viendraient appuyer les idées ou les faits. De même, concernant l’alternative proposée, on peut la considérer comme « légère » et manquant de substances scientifiques. Le lecteur peut rester sur sa fin en lisant le livre, par la solution proposée qui est peu développée et qui manque de faits tangibles. En réalité, le concept d’une société libertarienne de ce type est très difficile à imaginer tant les exemples concrets manquent. Peut-être que nous pourrons voir un exemple concret avec l’élection de Javier Milei en Argentine, président qui a de fortes similitudes avec la pensée présentée dans l’ouvrage. D’ici là, cela reste plutôt vague et très théorique…

Finalement, dans l’ensemble, le livre a le mérite de nous questionner sur une opinion très ancrée dans la société qui voudrait que la démocratie soit le dernier stade d’évolution possible du régime politique. Le livre incite le lecteur à repenser nos idées préconçues sur la démocratie et à envisager des solutions innovantes pour notre avenir politique. En cela, c’est salvateur et utile et peut nous aider à réfléchir de façon différente sur le régime politique démocratique.

Dans l’ensemble, le livre reste très intéressant à lire, car les auteurs proposent une alternative basée sur la décentralisation et la liberté individuelle. Une façon de pensée qui peut indirectement intéresser les bitcoiners, même s’il ne s’agit pas là, d’un étendard et d’un chemin unique à suivre, mais seulement d’une piste à considérer..

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Ines Aissani

Éditrice du journal ZoneBitcoin, tombée dans le terrier du Bitcoin et farouchement convaincue qu'il peut apporter une solution aux problématiques liée à l'inclusion financière.

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