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Nayib Bukele : ” Arrêtez de boire le Kool-Aid des élites”

2 octobre 2022

Un article de Nayib Bukele ( actuel président du Salvador) vient de paraitre dans Bitcoin Magazine, disponible et téléchargable en version PDF en langue espagnole et anglaise

Dans cet article, Nayib Bukele rejette les critiques virulentes qui ont été faites suite à la légalisation du Bitcoin dans le pays.  Il veut mettre un terme dans cet article aux arguments qu’il considère comme fallacieux provenant des politiciens et des journalistes qui déprécient l’acceptation du bitcoin dans le pays.  Il y explique alors pourquoi avoir légaliser le bitcoin était une « décision évidente » pour le bien du pays. Il va encore plus loin en disant que « pour ceux qui comprennent, la vraie question n’est pas de savoir si d’autres pays vont adopter le Bitcoin, mais quand. »

Nayib Bukelé explique que le fait d’accepter le bitcoin implique de se mettre en opposition avec le système politico-financier mondial ( incluant banques, États et Organisations Internationales). Celui-représente ce que Bukele définit comme l'”élite”. Celle-ci s’opposerait au Bitcoin, dans la mesure où cela reste un outil d’émancipation financière et d’indépendance des pays qui sont les plus vulnérables, comme le Salvador.

Le titre de l’article s’intitule «  Stop Drinking the elite’s Kool-Aid » (en français littéral : Arrêtez de boire le Kool-Aid de l’élite). 

Si l’expression peut nous sembler étrange ( pour des francophones, tout au moins), il faut ici rappeler l’origine de cette expression très répandue Outre-Atlantique. 

💡 En fait, “Kool-Aid” est à l’origine une marque de jus de fruits américaine. Or, en 19878, en Guyane, une secte réalise un suicide collectif après avoir bu des jus de la marque Kool-Aid. Depuis, l’expression «  Do not drink the Kool-Aid » est utilisée pour mettre en garde les adeptes d’une doctrine qui croient aveuglément dans le bien-fondé de celle-ci. On pourrait traduire son article par “Arrêtez de croire tous les mensonges de l’élite”.

Nous avons décidé de traduire le texte publié par Nayib Bukele, pour deux raisons principales. Nous pensons qu’il est le plus à même de parler du Salvador dans la mesure où il est le président depuis 2019 et qu’il est le porteur de l’initiative bitcoin dans le pays. De plus, nous jugeons que sa position sur le Bitcoin n’est pas toujours “comprise” de manière fondamentale. De ce fait, il est de notre devoir de diffuser sa parole, aussi controversé puisse-t-elle paraitre.

Le texte qui suit est donc la traduction en français du texte de Nayib Bukele, publié le 30 Septembre 2022, dans “Bitcoin Magazine”.

“ARRÊTEZ DE BOIRE LE KOOL-AID DE L’ÉLITE”

Le 7 septembre 2021, El Salvador est devenu le premier pays de l’histoire du monde à adopter le bitcoin, la nouvelle monnaie mondiale.

Souvenez-vous de ces mots car ils seront gravés dans l’histoire de la monnaie. 

Cependant, nous sommes dans les prémisses d’une nouvelle époque, et les opinions sont coincées dans des préjugés affirmant que c’est soit un geste inconscient, soit une action intelligente, soit une décision stupide ou que c’est simplement “un pari”.

Bien sûr, cela n’a rien à voir avec tout cela. C’était le seul geste évident, la seule logique à suivre. Pour ceux qui voient plus loin, la vraie question n’est pas de savoir si d’autres pays vont adopter le bitcoin, mais quand.

Nous sommes au tout début ce changement de paradigme à tel point qu’une décision logique et de bon sens est controversée.  Il a beaucoup de gens qui sont favorables à cette décision, et il y a beaucoup, beaucoup de détracteurs.

Sur ce motif, je n’analyserai pas les partisans, ici, mais les détracteurs. Ils peuvent être séparés en trois groupes :

  • Ceux qui pensent sincèrement que c’était une mauvaise décision.
  • Ceux qui pensent que c’est une bonne décision, mais ne connaissent pas les vraies motivations derrière.
  • Ceux qui ont peur de notre décision.

En réalité, ce qui est intéressant de noter, c’ est que le premier et le deuxième groupe existent principalement à cause du troisième.

Pourquoi?

Parce que les détracteurs les plus virulents, ceux qui ont peur et nous poussent à revenir sur notre décision, sont les puissantes élites mondiales et les personnes qui travaillent pour elles ou qui en bénéficient.

Avant, ils possédaient tout, et d’une certaine manière, c’est encore le cas aujourd’hui. Il s’agit des médias, des banques, des ONG, des organisations internationales et presque tous les gouvernements et entreprises du monde.

Et avec cela, bien entendu, ils possèdent également les armées, les prêts, la masse monétaire, les cotes de crédit, les discours, la propagande, les usines, l’approvisionnement alimentaire ; Bref, ils contrôlent le commerce international et le droit international. Mais leur arme la plus puissante est le contrôle de la « vérité ».

Et ils sont prêts à se battre, à mentir, à salir, à détruire, à censurer, à confisquer, à imprimer et à faire tout ce qu’il faut pour maintenir et accroître leur contrôle sur la « vérité », et ce sur tout, et sur tout le monde.

Il suffit de penser aux centaines, voire aux milliers d’articles sur la façon dont l’économie du Salvador a été soi-disant détruite à cause de son “pari bitcoin”, sur la façon dont nous nous dirigeons inévitablement vers la faillite, que notre économie s’est effondrée et que notre gouvernement est en faillite.

Voici un très court échantillon des articles qui ont été publié sur la situation du Salvador une année après son adoption du bitcoin. On peut voir qu’en effet, la plupart des articles ont eut la même conclusion négative. Dans toutes les langues, il semble avoir été la pensée commune de tous les “grands” journaux. Bien entendu, la plupart ne sont pas des journaux spécialisés dans les cryptomonnaies et ils ne comptent pas de “journaliste crypto” à proprement parler…

La plupart d’entre vous ont sûrement lu ces articles, n’est-ce pas ? Ils disent tous la même chose. Toutes les publications financières, toutes les grandes agences de presse, tous les journaux du monde, toutes les agences de notation de crédit et toutes les organisations financières internationales disent la même chose, comme s’ils formaient une chorale.

Mais est-ce que c’est vrai?

Eh bien, il vous suffit de lire leurs articles et d’écouter leurs «experts» dire que tout cela s’est produit après que le Salvador ait perdu environ 50 millions de dollars à cause de la chute du prix du bitcoin. Puisque nous ne vendons aucun bitcoin, cette affirmation est fondamentalement fausse. Mais pour faire une analyse plus approfondie, disons que ce qu’ils disent est vrai ( ce qui bien sûr n’est pas le cas, mais laissez-moi vous expliquer.) 

Sérieusement? L’économie de tout un pays a été détruite par une perte de 50 millions de dollars ?

Oui, El Salvador est un pays relativement pauvre, mais rien qu’en 2021, nous avons produit 28 milliards de dollars de produits et services. Admettre l’idée qu’une perte de 50 millions de dollars – moins de 0,2 % de notre PIB – détruirait ou même mettrait l’économie de notre pays en difficulté est bien plus que stupide ; c’est révélateur de bien d’autres choses.

On pourrait penser que les génies économiques de Bloomberg, Forbes, Fortune, Financial Times, Deutsche Welle, BBC, Al Jazeera, The Guardian, The New York Times, The Washington Post, etc., auraient suffisamment d’analystes et de rédacteurs bien versés dans ces sujets pour leur dire de ne pas publier ces bêtises. On pourrait penser que ces articles absurdes ne passeraient pas les comités de rédaction, mais ils le font. Et parfois, ils obtiennent même un très grand espace, comme une page entière dans le New York Times.

Donc, l’argument selon lequel nous avons perdu 50 millions de dollars de bitcoin est faux, car nous n’avons tout simplement pas vendu de bitcoins. Et même si nous devions accepter cet argument comme vrai, alors il serait ridicule de conclure qu’une économie de 28 milliards de dollars par an fera faillite ou fera défaut en raison d’une «perte» de 0,2% en un an, alors qu’en 2021 notre économie a augmenté de 10,3 %, ou de 4 milliards de dollars. Ce sont les propres chiffres du FMI !

Et même si vous voulez prendre cet argument absurde comme vrai – ce qui signifierait que vous ignorez les mathématiques ou la logique de base – vous n’aurez pas encore à vous demander pourquoi ces sociétés médiatiques mondiales donneraient autant de temps et d’espace à un si petit pays comme le Salvador.

Parlaient-ils du Salvador avant (le bitcoin) ? Se souciaient-ils de ce qui se passait dans notre pays ? Ont-ils signalé les 37 milliards de dollars (milliards) que les gouvernements précédents ont volés au Trésor public de notre pays ?

Posez-vous ces questions; il y a quelques années, saviez-vous où El Salvador était situé sur une carte? Connaissiez-vous le nom de l’ancien président du Salvador ? Connaissiez-vous leurs politiques économiques ratées ?

La réponse à ces questions a ajouté à l’incroyable absurdité de dépeindre, dans des centaines de publications financières sérieuses, qu’une économie qui produit 28 milliards de dollars par an fera faillite pour une perte discutable de 50 millions de dollars. C’est toute la preuve dont vous avez besoin pour voir qu’ils essaient de vous duper. 

En fait, ce sont les vrais chiffres, qui sont des informations publiques et peuvent être trouvés et revérifiés assez facilement :

En 2021, notre PIB a augmenté de 10,3 %, les revenus du tourisme ont augmenté de 52 %, l’emploi a augmenté de 7 %, les nouvelles entreprises ont augmenté de 12 %, les exportations ont augmenté de 17 %, la production d’énergie a augmenté de 19 %, les exportations d’énergie ont augmenté de 3 291 % et les revenus internes ont augmenté. en hausse de 37 %, le tout sans augmenter les impôts. Et cette année, le taux de criminalité et de meurtre a baissé de 95 %.

Comme on peut le voir dans cette infographie et selon les données du FMI, le bilan pour le Salvador est plutôt positif. Le tourisme a bondi de 52%, le taux de chômage a baissé de 7%, la création de nouvelles entreprises à augmenté de plus de 12% et les statistiques de crime et violence indiquent une baisse de plus de 95%….

Ce sont des chiffres réels, des faits qui ne peuvent pas être déformés par des récits. Le seul chiffre qui peut être modifié avec leur rhétorique est le prix de nos obligations, car ils dépendent principalement du récit officiel et des cotes de crédit de leurs agences ; Plus de “vérité” que la vérité.

Ils ont dit à maintes reprises, dans plus d’une centaine de publications auto-accréditées, que nous ne sommes pas en mesure de payer nos dettes et que nous nous dirigeons vers le défaut de paiement. Nous avons même été classés comme le pays présentant le risque de défaut le plus élevé au monde. Le Salvador aurait plus de risques de faillit que l’Ukraine. Oui exactement, c’est ce qu’ils disent.

Donc, pour contrer ce récit, nous avons fait exactement le contraire de ce qu’ils disaient. Ce n’est pas tant que nous n’avons pas payer nos dettes, mais nous les avons même payer à l’avance. Et c’est pourquoi nous rachèterons ce mois-ci la totalité de nos obligations 2023 et 2025, que les détenteurs veulent revendre bien sûr, au prix du marché.

Ils vous ont également dit qu’il y avait d’importantes manifestations anti-Bitcoin au Salvador. Il y en a eu, certes, mais elles étaient tout sauf importantes. De plus, pourquoi mon gouvernement aurait-il un taux d’approbation de 85 à 90 % selon tous les sondages effectués l’année dernière, y compris plusieurs sondages menés par l’opposition et plusieurs par des sociétés de sondage internationales indépendantes, si nous gérons si mal les choses ?

Au fait, quelle est la cote de popularité de votre président ?

Donc, si vous êtes dans le groupe un ou deux des détracteurs, mon message pour vous est le suivant ; « “Arrêtez de boire le Kool-Aid des élites et regardez les faits ». Mieux encore, venez demander aux gens, constatez par vous-même les transformations, marchez dans les rues, allez à la plage (NDLR : Bitcoin Beach) ou sur nos volcans, respirez l’air frais, ressentez ce que signifie vraiment être libre, voyez comment l’une des nations les plus pauvres de ce continent et l’ancienne capitale mondiale du meurtre évolue pour devenir rapidement l’un des meilleur endroit possible de vivre sur Terre.

Et puis, demandez-vous; pourquoi les forces les plus puissantes du monde sont-elles contre ces transformations? Et pourquoi devraient-ils même s’en soucier?

Vous comprenez maintenant, n’est-ce pas? La raison de tout cela est que nous ne combattons pas simplement une opposition locale, ou les barrages routiers habituels auxquels tout petit pays peut être confronté, mais le système lui-même, pour l’avenir de l’humanité.

Le Salvador est l’épicentre de l’adoption du Bitcoin, et donc de la liberté économique, de la souveraineté financière, de la résistance à la censure, de la richesse non confiscable et de la fin des faiseurs de rois, leur impression, dévaluation et réaffectation de la richesse des majorités aux groupes d’intérêts, les élites, les oligarques, et ceux qui sont dans l’ombre derrière eux, tirant leurs ficelles.

Si le Salvador réussit, de nombreux pays suivront. Si El Salvador échoue d’une manière ou d’une autre, ce que nous refusons, aucun pays ne suivra.

Ils le savent très bien et c’est pourquoi ils nous combattent si durement.

Jouerez-vous leur jeu ?

Ou prendrez-vous conscience du vrai enjeu ?”

Mot final sur l’article de Nayib Bukele

Le texte de Nayib Bukele est plus qu’un plaidoyer pour sa politique et pour le Bitcoin. C’est aussi un appel à faire preuve de vigilance en ce qui concerne les propos concernant la politique du Salvador et sur le Bitcoin de manière générale. Bukele se place ici comme un politicien visionnaire, comme un combattant de l’ordre établie et comme un leader pour d’autres dirigeants de pays. On comprend avec son article que l’adoption du bitcoin est un enjeu qui dépasse largement le cadre du Salvador. Ce sont tous les pays à l’économie fragile qui sont – en réalité- concernés…

Nous pouvons saluer la détermination de Nayib Bukele et son courage malgré les nombreuses critiques infondées.

En tant que “journal crypto”, nous nous devons également de rappeler certains éléments de notre profession…

Derrière les titres négatifs de la presse se cachent en réalité beaucoup d’ignorance sur le sujet des cryptomonnaies et de la blockchain. Fallait-il consulter simplement les chiffres du FMI pour se rendre compte que le bitcoin améliore l’économie du Salvador?

La plupart des articles ne sont que des “copié-collé” de papiers plus éminents. Ainsi, les journalistes recopient ce que d’autres ont dit…Nous posons l’hypothèse qu’il qu’il ne s’agit probablement pas de paresse intellectuelle mais simplement d’incompétence. Nous préférons choisir cette explication. Le bitcoin est bien plus qu’une cryptomonnaie et encore faut-il se renseigner et s’informer pour en mesurer toute l’étendue…Chose que les journalistes classiques ne font pas, hélas…

Faites attention à ce que vous lisez et vérifiez les compétences des journalistes qui veulent écrire sur un sujet dont il ne maitrise définitivement pas les fondements théoriques.

😇 Si vous voulez aider les journaux cryptos, veuillez partager cet article au plus grand nombre 🙂


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#salvador #nayibbukele #bitcoin

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Ines Aissani

Éditrice du journal ZoneBitcoin, tombée dans le terrier du Bitcoin et farouchement convaincue qu'il peut apporter une solution aux problématiques liée à l'inclusion financière.

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