Quand on découpe le mot anglais ” tokenomic”, on a l’expression consacrée de l‘économie des tokens. L’expression a été la première fois utilisé en 1972 par le psychologue B.F. Skinner, bien avant la création de la première cryptomonnaie donc. Aujourd’hui, les tokenomics renvoie à l’économie des cryptomonnaies. Tout comme la science économique, on y retrouve tous les composants essentiels qui font l’économie d’une économie, comme sa création, sa gestion et le montant de jetons distribués, entres autres.
Il faut savoir que le terme “tokenomics”renvoie à deux définitions légèrement différentes :
- La première définition de Tokenomics serait la plus large, celle qui renvoie à la science qui étudie le fonctionnement interne des cryptomonnaies ( comment et pourquoi elles sont crée, l’organisation du token, le type de blockchain sur lequel elles reposent, etc). Voilà pour la définition au sens large.
- En parallèle à cette définition, on retrouve le terme tokenomics pour renvoyer de façon plus précise que l’économie d’un jeton ( là, on parlera plus de son utilité, de l’émission de jetons émis, etc).
Sinon, quelques fois, on parle dans la langage courant de tokenomics pour désigner tout le système économique des cryptomonnaies et poser la distinction à l‘economic donc du système économique classique.
C’est un mot et même une expression incontournable dans l’univers crypto, et particulièrement lorsqu’on parle d’investissement.
L’économie des tokens
Dans l’économie classique, les économistes ont des indicateurs précis pour mesurer l’émission de monnaies.
C’est avec ces indicateurs, plutôt complexes qu’on connait sous les noms de M1 par exemple ( il y’en a plusieurs) que l’on peut juger et estimer la masse monétaire. Avec le M1, les économistes peuvent savoir qu’elle est la mesure de la liquidité du marché en quelques sortes et avoir accès à d’autres données importantes.
Sans rentrer dans les détails, ici, ce qu’il faut retenir, c’est l’idée que les économistes ont des indicateurs précis pour mesurer l’état d’une monnaie à un moment donné. C’est notamment très important et pris en compte lorsque les gouvernements décident d’émettre de la monnaie supplémentaire. La création de monnaie supplémentaire est corrélé très souvent au phénomène d’inflation par exemple.
Seulement, dans l’univers des cryptomonnaies, c’est quelque peut différents. L’émission de nouveaux jetons est toujours définis en avance et suivent des calendrier très précis. On peut en fait prédire et estimer le nombre de nouveaux tokens qui seront émis et nous en connaissons même la date avec précision.
D’ailleurs, lors d’une ICO, avant même que le projet ne soit réellement lancé sur le marché, les développeurs pensent l’émission de token avec précision.
Les éléments clés des tokenomics
Plus on avance dans le temps, plus les tokenomics recouvrent des indicateurs plus nombreux et plus difficile à mesurer.
Voici néanmoins les indicateurs des tokenomics les plus utilisés:
👉 Émission de tokens : Il s’agit du processus par lequel de nouveaux tokens sont créés et introduits dans le système. Cette émission peut être réalisée de différentes manières, notamment par le minage (proof-of-work), le forging (proof-of-stake), des contrats intelligents, ou d’autres mécanismes spécifiques à chaque projet.
👉 Offre Total ( Total Supply) : C’est la quantité maximale de tokens qui vont être émis. C’est different de l’offre en circulation. Celle-ci renvoie aux tokens qui sont déjà émis et qui sont circulation.
👉 Offre en circulation (Circulating Supply) : Il s’agit du nombre de tokens effectivement en circulation et disponibles sur le marché. Parfois, certains tokens sont verrouillés ou détenus par l’équipe du projet, et ils ne sont pas inclus dans l’offre en circulation.
👉 La distribution des tokens : La quantité de jetons qui sont reversé en pourcentage à l’écosystème dans son ensemble. On peut aussi inclure la distribution initiale qui indique comment les tokens ont été répartis au lancement du projet. Cela peut inclure des ventes publiques (Initial Coin Offerings – ICOs), des ventes privées, des airdrops, ou d’autres mécanismes. On peut connaitre les tokens qui seront versés aux validateurs du réseau comme les mineurs ou les délégateurs dans le cas de staking. On sait alors le nombre de jeton distribué pour chaque bloc crée. On sait également les frais de transaction qui seront payés par les utilisateurs.
👉 Token Burn (brûlage) : Il s’agit de retirer définitivement des tokens de circulation en les envoyant à une adresse sans possibilité d’y accéder ultérieurement. Cette pratique peut être utilisée pour réduire l’offre totale de tokens, augmentant ainsi leur rareté et potentiellement leur valeur.
—> Lire l’article : Pourquoi on “burn” (brûle) des tokens?
Il faut savoir qu’il y a d’autres éléments et metrics comme les modèles de gouvernance par exemple. D’ailleurs, ils ne sont pas à confondre avec les modèles économiques des cryptomonnaies. Même si les tokenomics nous indiquent le modèle économique choisi, ce ne sont pas les seuls éléments à considérer.
Les tokenomics et les modèles économiques des cryptomonnaies
Voici le coeur des tokenomics. Il s’agit du modèle économique choisi par l’équipe fondatrice.
Le modèle déflationniste comme le Bitcoin
Ainsi, l’investisseur sait combien de tokens seront créer à tel ou tel moment, et peut savoir aussi le nombre totale de tokens qui seront émis. Un peu à l’image du bitcoin où cela a été prévu dès le départ, dans le programme lui-même qu’il n’y aurait pas plus de 21 millions de bitcoin. Et pas un de plus. On sait aussi que le minage prendra fin en 2140 par exemple et que nous tous qui lisons cet article, nous n’aurons pas la chance de savoir à quel prix le bitcoin sera échangé.
Cependant, les cryptomonnaies qui sont apparus avec le bitcoin ont choisit d’autre montant de plafonnement. Et cela varie d’une crypotmonnaie à d’autre. Certaines crypto comme le dogecoin par exemple ont préféré des émissions de tokens quasiment à l’infini. D’autres ont aussi choisi des émissions limités de tokens mais avec des montants très importants comme c’est le cas avec TRON, par exemple.
Le modèle inflationniste comme Ethereum
C’est aussi un peu similaire avec Ethereum, par exemple, où il n’ a pas de limite stricte d’émission sur Ether. Cela dit, cela risque d’évoluer avec la version future d’Ethereum.
Mieux encore, il y aussi un mécanisme qui est de plus en plus utilisé qui s’appelle le “burn”. En français, on dit bruler pour une token. Cela s’avère particulièrement utile pour maintenir le cours d’une cryptomonnaie en jouant volontairement sur l’offre et la demande. Lorsqu’on dit bruler, car nous parlons de monnaie numériques, dites-vous qu’un montant de jetons est envoyé dans des wallets dont on ne connait pas l’adresse, et ce, régulièrement pendant des intervalles donnés.
Cela est fait pour garantir la stabilité de la monnaie. Fondamentalement, c’est encore le marché naturel de la loi et de la demande car, au final, c’est le marché qui va déterminer la valeur d’une crypto.
Est-ce que les tokenomics peuvent nous aider à déterminer la valeur d’une cryptomonnaie.
Comme on vient de le voir, créer une crypotmonnaie, c’est en fait à la fois créer une entreprise concrète mais c’est aussi créer une micro-économie. On pense alors avec la tokenomic à la place du jeton dans cet écosystème et on essaye aussi de comprendre les mécanismes économique sur lequel il repose et dans lequel il évolue.
Cela peut donc être extrêmement utile pour un investisseur notamment. À force, on pourrait reconnaitre un projet bien construit, avec une économie stable et prospère et à l’inverse, on pourrait aussi voir des projets qui ne vont pas tenir sur le long terme, à partir d’exemples concrets.
Ainsi, on a alors dans la tokenomics, des modèles, de structures selon les choix choisis de certaines cryptomonnaies. On peut alors avec le temps avoir une certaine cartographie des micro-économies en question. On peut voir aussi les conséquences de telle ou telle distribution de tokens, de telles ou telles conséquences de burn accumulés, etc.
Nous sommes entrain d’écrire cette économie, alors, pour le moment, on peut dire que nous ne faisons que récolter les données. Bientôt peut-être nous pourrons en tirer des généralités et des concepts plus pointilleux par exemple.
Les tokenomics, une nouvelle économie qui s’écrit chaque jour
La science tokenomics comprendra des chapitres toujours plus denses, regroupant les philosophies de certains projets et les systèmes économiques utilisés ( les consensus choisis, etc).
Cela permettra aux développeurs de créer des projets plus fiables, avec des systèmes économiques qui ont approuvés et qui s’avèrent plus fonctionnel que d’autres. En d’autres termes, cela nous permet d’anticiper les résultats futures d’un projet.
L’anticipation est l’avantage ultime qu’on peut avoir que ce soit dans les crypotmonnaies ou dans le business en général, n’est-ce pas?
Cela permettra d’avoir tout comme les autres sciences, des modèles préétablis, qui fonctionnent et ceux qui ne fonctionnent pas (là, aussi, c’est très utile forcément).
La science économique des tokens est une jeune science et nous sommes en pleine expérimentation actuellement. C’est certainement aussi cela qui rend cette discipline aussi intéressante !
Voir aussi :
- Comment faire une bonne analyse fondamentale crypto (AF)?
- Faut-il considérer le FDV ( Fully Diluted Valuation)?
- Comprendre comment lire la “capitalisation boursière” d’une crypto