Voici un texte majeur publié en anglais- à l’origine- que nous avons décidé de traduire en français. Le texte a été écrit et publié par le cryptographe Hal Finney dans le forum “Bitcointalk”, le 19 mars 2013.
On connait Hal Finney pour avoir été la première personne à recevoir du bitcoin de la part de Satoshi Nakamoto lui-même. D’ailleurs, il est l’un des rares à avoir échangé avec le créateur du bitcoin, toujours inconnu à ce jour.
Hal Finney fait partie des personnes qui ont soutenu et participé activement au développement du Bitcoin. Il fait pleinement partie de l’écosystème Bitcoin en ayant été l’un des premiers participants. Et, ce, avant même sa création à proprement dite. Fervent défenseur des liberté individuelles et du mouvement cypherpunk et extropien, son apport à été considérable dans le développement de la technologie de la blockchain.
Voici donc ce qu’il avait écrit en 2013, date à laquelle, le Bitcoin n’était encore connu et utilisé que par quelques cryptographies et geeks ultimes du dark web. Le Bitcoin semblait encore être une utopie financière à cette époque. On était loin, très loin de tout l’écosystème qui s’est déployé et que nous connaissons depuis 2020.
Il nous a semblé important -sinon essentiel- de traduire ce texte, car cela nous rappelle que les origines du Bitcoin n’ont rien à voir avec la spéculation financière. Il s’agit avant tout d’une conquête de liberté individuelle.
Ne l’oublions pas.
Bitcoin & moi (traduction en français )
J’ai pensé écrire sur les quatre dernières années, une période qui a été mouvementée pour le Bitcoin et pour moi-même.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Hal Finney. J’ai commencé à travailler sur la cryptographie dans une première version de PGP, en étroite collaboration avec Phil Zimmermann.
Lorsque Phil a décidé de créer PGP Corporation, j’ai été l’une des premières personnes qu’il a embauché. J’ai travaillé chez PGP jusqu’à ma retraite. En parallèle, je me suis impliqué dans le mouvement des Cypherpunks. J’ai créé le premier réexpéditeur anonyme basé sur la cryptographie, entre autres activités diverses.
Maintenant, je vais commencer à parler de l’année 2008 et de l’annonce de la création du Bitcoin. J’ai déjà remarqué que les cryptographes à barbe grise (j’avais déjà la cinquantaine à ce moment là) ont tendance à être cyniques. Moi, j’étais encore idéaliste; J’ai toujours aimé la cryptographie, son mystère et son paradoxe.
Lorsque Satoshi a présenté Bitcoin sur la liste de diffusion email du groupe, l’accueil qu’il a reçu était plutôt sceptique. Les cryptographes avaient déjà trop vu de grands stratagèmes et de grands systèmes créés par des novices inconnus. Ils ont donc tendance à réagir par instinct.
J’étais plus positif. Je m’intéresse depuis longtemps aux systèmes de paiement crypto. De plus, j’ai eu la chance de rencontrer et d’entretenir une longue correspondance avec Wei Dai et Nick Szabo. Ils sont connus connus pour avoir créé des idées/concepts sur lesquelles le Bitcoin a été construit. J’avais été tenté de créer ma propre monnaie basée sur une preuve de travail, appelée RPOW. J’ai donc trouvé le Bitcoin fascinant.
Lorsque Satoshi a annoncé la première version du logiciel, je l’ai téléchargée immédiatement. Je pense que j’ai été la première personne, à part Satoshi, à exécuter et à lancer le logiciel Bitcoin. J’ai extrait le bloc 70 et quelque chose, et j’ai été le destinataire de la première transaction bitcoin de l’histoire. Satoshi (Nakamoto) m’a envoyé dix pièces comme preuve.
Au cours des jours suivants, j’ai gardé une conversation par e-mail avec Satoshi, dans laquelle je me consacrais principalement à lui signaler les erreurs pour qu’il les corrige.
Aujourd’hui, la véritable identité de Satoshi est devenue un mystère. Mais à l’époque, je pensais avoir affaire à un jeune homme d’origine japonaise qui était très intelligent et sincère. J’ai eu la chance de rencontrer de nombreuses personnes brillantes tout au long de ma vie, alors je reconnais les signe rapidement.
Après quelques jours, Bitcoin fonctionnait de façon assez stable, alors je l’ai laissé fonctionner. À cette époque, la difficulté était de 1 et vous pouviez trouver des blocs avec un simple processeur, même pas avec un GPU.
J’ai miné plusieurs blocs dans les jours suivants. Mais je l’ai éteint car le minage faisait monter la température de l’ordinateur et le bruit du ventilateur me dérangeait. Avec le recul j’aurais aimé pouvoir le garder plus longtemps mais d’un autre côté j’ai eu tellement de chance d’être là au début. C’était une de ces choses où on peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide.
La prochaine chose que j’ai apprise sur Bitcoin était à la fin de 2010, lorsque j’ai été surpris de constater que non seulement cela fonctionnait toujours, mais que les bitcoins avaient une valeur monétaire. J’ai dépoussiéré mon ancien portefeuille. J’ai été soulagé de découvrir que mes bitcoins étaient toujours là.
Lorsque le prix a commencé à être considérable, j’ai transféré mes bitcoins dans un portefeuille hors ligne, où j’espère qu’ils vaudront quelque chose pour mes héritiers.rtè
En parlant d’héritiers, j’ai été surpris en 2009, quand on m’a soudainement diagnostiqué une maladie mortelle. Jamais de ma vie je n’avais été aussi en forme qu’au début de cette année-là, j’avais perdu beaucoup de poids et j’avais commencé à courir sur de longues distances. J’arrivais à courir plusieurs semi-marathons et je commençait à m’entraîner pour terminer un marathon complet. Je me suis entrainée jusqu’à courir plus de 20 miles et je pensais que j’étais prêt. C’est alors que tout a mal tourné.
Mon corps a commencé à défaillir. J’avais de la difficulté à parler, j’ai perdu la force de mes mains et mes jambes se sont lentement ramollies. En août 2009, on m’a diagnostiqué une sclérose latérale amyotrophique (SLA), également appelée maladie de Lou Gehrig, du nom du célèbre joueur de baseball qui l’a contracté lui aussi.
La sclérose latérale amyotrophique est une maladie qui tue les motoneurones, qui transmettent les signaux du cerveau aux muscles. Il provoque d’abord une faiblesse, puis une augmentation progressive de la paralysie. Elle est généralement mortelle en 2 à 5 ans. Mes symptômes étaient légers au début et j’ai continué à travailler, mais la fatigue et des problèmes de voix m’ont forcé à prendre ma retraite début 2011. Depuis, la maladie a poursuivi son inexorable progression.
Aujourd’hui, je suis essentiellement paralysé. Ils me nourrissent par un tube et ma respiration est assistée par un autre tube. Je lance l’ordinateur à l’aide d’un système d’eyetracker commercial. Il a aussi un synthétiseur vocal, donc c’est ma voix maintenant. Je passe toute la journée dans mon fauteuil roulant électrique. J’ai créé une interface utilisant un Arduino pour pouvoir régler la position de mon fauteuil roulant avec mes yeux.
Cela a été un ajustement, mais ma vie n’est pas si mauvaise. Je peux encore comprendre, écouter de la musique et regarder la télévision et des films. J’ai récemment découvert que je peux même écrire du code. C’est très lent, probablement 50 fois plus long qu’avant. Mais j’aime toujours la programmation et cela me permet de me fixer des objectifs. Je travaille actuellement sur quelque chose que Mike Hearn a suggéré, en utilisant les fonctions de sécurité des processeurs modernes, conçues pour prendre en charge le “Trusted Computing”, pour renforcer les portefeuilles Bitcoin. Il est presque prêt à sortir. Je n’ai plus qu’à compléter la documentation qui va avec.
Et bien sûr, les fluctuations du cours du bitcoin me fait plaisir. I have skin in the game *. (NDLR: C’est une expression très connue dans le monde du business et de la finance. On peut la traduire par le fait de jouer sa peau. Elle se dit pour faire référence au fait d’avoir des actifs considérable ou de posséder de nombreuses parts d’une société).
J’ai obtenu mes bitcoins par chance plutôt que par mérite. J’ai vécu la crise de 2011. Je l’ai donc déjà vu : ce qui vient facilement, devient facile.
C’est mon histoire. Je suis assez chanceux dans l’ensemble. Même avec la sclérose latérale amyotrophique, ma vie est très satisfaisante. Mais mon espérance de vie est limitée. Ces discussions sur l’héritage de vos bitcoins sont d’un intérêt plus qu’académique. Mes bitcoins sont conservés dans un coffre-fort, et mon fils et ma fille sont férus de technologie.
Je pense qu’ils sont en sécurité. Je suis à l’aise avec mon héritage.”
Hal Finney.
En août 2014, Hal Finney décède des suites de sa maladie.
Visionnaire et pionnier, cypherpunk et extropien, tout l’écosystème qui s’est construit autour du Bitcoin doit beaucoup au travail de Hal Finney.
C’est une sorte d’hommage ici et un remerciement.
Remarque : Aucun conseil financier n’est donné dans cet article ni dans tout autre article sur zonebitcoin. Il s’agit d’information dont vous êtes le seul juge et maitre. Soyez responsable de vos investissements et n’investissez qu’une somme dont vous êtes prêt à perdre.
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