interdire bitcoin

Pourquoi il n’est pas « possible » d’interdire Bitcoin ?

10 mai 2023

Depuis sa création en 2009, l’adoption du Bitcoin dans le monde est toujours plus forte. De par sa nature décentralisée, le Bitcoin n’a pas d’entité centrale qui puisse le contrôler. Ainsi, aucune banque centrale ni autorité gouvernementale ne régit le réseau. Ce sont tous les acteurs de l’écosystème Bitcoin (les mineurs, les développeurs, les utilisateurs etc) qui gèrent le réseau collectivement.

Ainsi, il peut venir naturellement à l’esprit de se poser la question de la possibilité d’arrêter et d’interdire Bitcoin. Est-ce seulement possible? Le investisseurs qui possèdent du bitcoin doivent-il craindre que tout s’arrête un jour?

C’est tout l’objet de cet article que de savoir si le Bitcoin peut, en définitive, disparaitre.

Une interdiction juridique ne peut empêcher l’utilisation du Bitcoin

Vous avez sans doute appris dans les news que quelques pays ont interdit l’utilisation et la possession de crypto-monnaies. L’Équateur, l’Algérie, le Maroc, le Népal, le Pakistan et l’Égypte figurent parmi ces pays, par exemple. D’autres pas comme Taïwan et l’Arabie saoudite ont plutôt opté pour une interdiction partielle. Autrement dit, selon les pays, les gouvernements décident du degré d’utilisation des cryptomonnaies.

Cependant, ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il s’agit d’une interdiction « légale » seulement. Même si les gouvernements interdisent l’accès à certains sites comme ceux des plateformes centralisées, rien n’empêche les utilisateurs d’utiliser des VPN par exemple.

En vérité, les gouvernements ne sont pas en mesure d’interdire le bitcoin, car le bitcoin n’est pas seulement disponible sur des plateformes d’échanges centralisées. Il est tout à fait possible (et recommandé) d’utiliser des portefeuilles décentralisées qui ne sont pas hébergés par des sociétés. Il est ainsi parfaitement possible de se procurer du bitcoin sur des plateformes peer-to-peer (P2P) comme Noones, échappant ainsi aux juridictions prohibitives.

En l’absence d’une autorité centrale de type banque, l’usage du Bitcoin ne peut être affectée. Cette crypto est autonome grâce à son système électronique peer-to-peer qui permet aux gens d’envoyer et de recevoir de l’argent librement dans le monde entier.

Autrement dit, les transactions en bitcoins ne nécessitent pas d’intermédiaires, contrairement aux méthodes de transfert d’argent plus établies comme les banques. L’expéditeur et le destinataire sont les seules parties impliquées dans les transactions qui ont lieu sur la blockchain. Cela signifie que, même avec les meilleures intentions du monde, aucune institution ni aucun gouvernement ne peut compromettre les transactions.

Par conséquent, vu que qu’aucun gouvernement ne contrôle leur propriété ou leur utilisation, les bitcoins ne peuvent pas être saisis. En outre, les utilisateurs peuvent les échanger de manière anonyme, ce qui rend difficile leur confiscation par les pouvoirs publics. Le bitcoin n’est régi par aucune agence de régulation ou entité gouvernementale, puisqu’il s’agit d’un instrument financier décentralisé. De ce fait, faire respecter une interdiction relèverait de la pure utopie.

Une interdiction serait « difficile » à mettre en œuvre

Bien qu’il soit évident qu’un gouvernement puisse émettre un décret interdisant Bitcoin, de nombreux pays trouveraient difficile, voire impossible, d’appliquer efficacement une telle interdiction. Il est presque certain que les gens pourront télécharger un logiciel de portefeuille Bitcoin, faire fonctionner un nœud et effectuer des transactions sans trop d’efforts. Ainsi, pour qu’une autorité ne parvienne à une restriction, il lui faudra imposer un contrôle strict de l’internet.

Par exemple, une partie importante des utilisateurs de Bitcoin sont toujours présents dans la majorité des pays où il a déjà été interdit. Par exemple, CoinMarketCap, une société qui suit le marché des crypto-monnaies, a classé le Pakistan comme l’une de ses démographies d’utilisateurs à la croissance la plus rapide au 1er trimestre 2020. C’est aussi le même constat avec le Maroc, qui malgré l’interdiction du bitcoin reste le pays en Afrique qui connaît l’adoption la plus grande, en 2022.

Par ailleurs, il existe aujourd’hui divers outils qui peuvent être utilisés pour contourner les restrictions d’accès à l’internet. De surcroît, une interdiction de bitcoin est quasiment impossible lorsqu’on pense au satellite Blockstream. Avec ce dernier, presque tout le monde peut accéder à la blockchain Bitcoin à l’aide d’un dongle SDR (software-defined radio) à prix raisonnable et d’une antenne. Aussi, l’hypothèse de la création d’un marché noir du bitcoin n’est pas à écarter.

Le risque d’apparition d’un marché noir décentralisé

Le gouvernement chinois a interdit le minage de bitcoins à l’été 2021, en invoquant les craintes habituelles concernant les conséquences néfastes pour l’environnement et le blanchiment d’argent.

Suite à cette décision, l’interdiction a temporairement eu l’effet escompté. À la fin du mois de juin 2021, le taux de hachage du réseau Bitcoin avait diminué de quelques multiples pour atteindre 57,47 exahashs par seconde (EH/s). Mais en décembre 2021, le taux de hachage est remonté à 193,64 EH/s et en février 2022, il a atteint le niveau record de 248,11 EH/s.

Cette hausse inattendue a suscité bien des questions, car rien ne pouvait expliquer pourquoi le taux de hachage a augmenté à une telle vitesse. Mais en fait, la réalité était que les mineurs qui avaient déménagé en Chine avaient tout simplement migré vers d’autres pays dit « éco-friendly ».

Toutefois, cette grande migration pourrait ne pas être le seul résultat imprévu de l’interdiction chinoise. Il y a de cela un an, les mineurs chinois représentaient 22 % du taux de hachage mondial. Il faut reconnaitre que même si ce pourcentage n’est plus aussi élevé qu’auparavant, il s’agit toujours d’une part importante du marché.

L’explication la plus plausible est qu’il est possible que la Chine dispose actuellement d’un marché noir important pour le minage de bitcoins. Un phénomène qui prouve que même l’un des gouvernements les plus totalitaires de la planète ne peut pas empêcher sa population de miner des bitcoins, quels que soient ses efforts. 

Ce qu’il faut retenir

Depuis quelques années, le bitcoin ne cesse de gagner du terrain malgré toutes les obstacles auquel il fait face. Bien que les gouvernements aient le pouvoir d’interdire purement et simplement l’utilisation des crypto-monnaies, cela reste une interdiction de façade. C’est alors une idée préconçue qui circule encore aujourd’hui qu’il est bon de reconsidérer.

Les particuliers continueront d’avoir facilement accès au bitcoin, à moins que les autorités ne censurent également Internet. Au-delà de la complexité de la chose, une telle initiative remettrait en cause les principes même de la liberté fondamentale des hommes.

La meilleure solution serait de trouver un cadre juridique approprié, qui permettra de protéger la liberté des individus. Pour rappeler un slogan fort de mai 68, « il est interdit d’interdire » et Bitcoin en est une représentation parfaite d’un « objet » résistant à la censure.

C’est certainement aussi le paradoxe que de considérer que le simple fait qu’on ne puisse pas interdire Bitcoin est ce qui le rend aussi crucial pour les échanges monétaires entres les hommes…

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Moctar Bouraima

Je suis passionné par ce que peut apporter le Bitcoin en terme d'émancipation financière et c'est avec une grande joie que je partage mes articles sur le sujet ; Qu'il s'agisse de la blockchain, du web 3, de la DeFi, car je sais que cela participe d'une manière ou d'une autre à faire avancer l'écosystème.

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