Le Royaume du Maroc s’apprête à franchir un pas décisif dans le domaine des cryptomonnaies en levant l’interdiction sur les cryptomonnaies qui était en vigueur depuis 2017. Ce tournant majeur, annoncée par la Banque centrale marocaine, Bank Al-Maghrib (BAM), marque une nouvelle ère dans la politique économique du pays et ouvre de nouvelles perspectives pour l’innovation financière et l’inclusion numérique.
Un revirement stratégique après six ans d’interdiction
En 2017, le Maroc avait pris la décision radicale d’interdire l’utilisation des cryptomonnaies dans le pays. À l’époque, les autorités financières avaient justifié cette mesure par les risques potentiels liés au blanchiment d’argent, à la fraude fiscale et à la volatilité inhérente aux marchés des actifs numériques.
Cependant, malgré cette interdiction officielle, l’intérêt des Marocains pour les cryptomonnaies n’a cessé de croître. Un marché parallèle s’est développé, alimenté par une population jeune et désireuse d’explorer les opportunités offertes par cette nouvelle classe d’actifs. Le Maroc fait en effet partie des pays avec la plus forte adoption des cryptomonnaies en Afrique.
Malgré l’interdiction, le Maroc s’est classé 27e mondial en termes d’adoption des cryptomonnaies selon Chainalysis, démontrant un engouement persistant de la population.
L’adoption du Bitcoin au Maroc est telle que les autorités marocaines ont été contraintes de reconsidérer leur position.
Les facteurs clés du changement de cap
Plusieurs éléments ont contribué à ce revirement stratégique qui rappelle celui fait par les autorités nigérianes en 2023. Le Nigéria qui tient la 2ème place en terme de crypto-adoption dans le monde a légalisé les cryptomonnaies après des années d’interdiction.
Ainsi, il semblerait que cela soit lié également à l’évolution du contexte international. De nombreux pays à travers le monde ont commencé à adopter des cadres réglementaires pour encadrer l’utilisation des cryptomonnaies, plutôt que de les interdire purement et simplement. C’est par exemple ce que nous avons vu récemment avec le projet de loi en Syrie visant à légaliser les cryptomonnaies. Dans le continent, le premier pays à avoir envisagé de légaliser le bitcoin fût la République Centrafricaine ( cf « le sangocoin« , malgré des difficultés d’infrastructures fortes.
Les opportunités économiques : Les autorités ont pris conscience du potentiel des technologies blockchain et des cryptomonnaies pour stimuler l’innovation financière et attirer les investissements. Plus encore et de manière générale, les cryptomonnaies sont perçues comme un moyen potentiel d’améliorer l’accès aux services financiers pour les populations non bancarisées.
Le projet de loi : vers un cadre réglementaire adapté
La BAM a annoncé qu’un projet de loi est actuellement en cours d’élaboration pour encadrer l’utilisation des cryptomonnaies. Ce texte vise à créer un environnement réglementaire propice au développement des actifs numériques tout en protégeant les investisseurs et en prévenant les risques potentiels.
Le projet de loi marocain s’inspire largement du règlement européen sur les marchés de crypto-actifs (MiCA), qui doit entrer en vigueur en 2024. Cette approche permet au Maroc de s’aligner sur les meilleures pratiques internationales tout en adaptant le cadre réglementaire à ses spécificités locales.
Le projet de loi sur les cryptomonnaies au Maroc poursuit plusieurs objectifs :
- Légaliser progressivement l’utilisation des cryptomonnaies dans le pays
- Établir un cadre réglementaire clair et précis pour les acteurs du secteur
- Promouvoir l’innovation financière tout en garantissant la stabilité du système financier
- Lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme
- Protéger les consommateurs et les investisseurs
Les avantages de légaliser les cryptomonnaies pour accroitre l’attractivité du Maroc
En légalisant les cryptomonnaies, le Maroc se positionne comme un acteur proactif dans le domaine des technologies financières au niveau international. Cette décision pourrait avoir des répercussions importantes sur la place du pays dans l’économie numérique mondiale.
Cela permettra d’attirer les investissements étrangers dans le secteur des fintech et des nouvelles technologies. On peut imaginer que cela va pousser l’implantation d’entreprises internationales spécialisées sur le territoire, dynamisant par là, la croissance et la création d’emplois qualifiés. De manière fondamentale, cela va renforcer l’image du Maroc comme une destination ouverte à l’innovation.
Cependant, des défis considérables sont à prendre en compte. La mise en place d’un cadre réglementaire pour les cryptomonnaies et la supervision efficace du secteur représentent des challenges de taille pour les autorités marocaines. Il sera crucial de trouver un équilibre entre l’innovation et la protection des consommateurs.
Reste à voir maintenant si d’autres pays dans la région vont suivre l’initiative du Maroc…
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