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Comment Bitcoin pourrait améliorer la situation en Amérique latine?

22 janvier 2023

Le Salvador a été le premier pays au monde à avoir légalisé le Bitcoin au même titre que le dollars américain dans le pays. C’était une décision très controversée que le président Nayib Bukela n’a cessé de revendiquer depuis. C’était la première fois qu’un pays a franchit une telle étape avant que ne le rejoigne la République Centrafricaine quelques mois plus tard. Dans quelques années, cela nous paraitra (probablement) anecdotique, mais en 2023, on salue encore l’audace de cette initiative.

Cependant, en Amérique latine, d’autres pays se montrent intéréssés par le bitcoin et les cryptomonnaies. Très souvent il y a encore clivage entre l’utilisation faite par la population et la politique adoptée par le pays. Pour l’Argentine par exemple, la population y voit un rempart à l’inflation galopante du Peso argentin et utilise toujours plus le bitcoin comme monnaie d’épargne.

Le président du Salvador sert de figure de proue à ce mouvement général. Il a pour ambition de faire du pays, un hub pour bitcoin et a proposé d’émettre les premières obligations financées en bitcoin (cf « Volcano Bond« ). Une première historique. On a alors parlé du Salvador comme de la « Bitcoin City » par excellence.

Cela aiguise l’envie et l’intérêt pour d’autres pays de la région. Nous allons voir ici, pourquoi a légalisation du Bitcoin s’avère être une aubaine pour le continent. Nous verrons également les limites d’une bitcoinisation du continent.

Pourquoi le Salvador a t-il opté pour le Bitcoin?

Pour le président Nayib Bukele, le Bitcoin sert de levier pour différentes industries. En acceptant le bitcoin, le pays va nécessairement attirer des investisseurs et des entreprises de l’industrie des cryptomonnaies. D’autres secteurs seront nécessairement intégrés à ce nouvel écosystème économique. Avec cette décision, le Salvador cherche à attirer de nouveaux capitaux qui serviront au développement du pays, dans son ensemble.

Qu’en est-il de la population locale? Selon les données de la Banque Mondiale, seulement 30% de la population salvadorienne possède un mobile avec un service bancaire intégré. Ainsi, 70% de la population devra utiliser la cryptomonnaie Bitcoin alors qu’elle ne possède pas encore de compte bancaire…Cela peut semble dérisoire comme procédé mais les obstacles à l’adoption semblent avoir été pensé en amont par le gouvernement.

En réalité, la faible inclusion financière du pays est considérée comme un atout pour Nayib Bukelé. Pour lui, il est plus simple d’utiliser bitcoin que la monnaie traditionnelle si les outils nécessaires sont correctement délivrés.

Ainsi, le gouvernement à prévu d’installer plus de 1500 ATM et la disposition d’un portefeuille dédié pour chaque citoyen : Le Chivo Wallet. Pour pousser la population à utiliser le Bitcoin, le gouvernement à distribué gratuitement l’équivalent de 30$ en BTC à tous les habitants. Ces derniers les recevraient sur le portefeuille Chivo. Ce serait alors là une incitation concrète qui pousseraient les citoyens à utiliser le portefeuille numérique.

Les ATM sont des distributeurs sur lesquels on peut échanger des dollars contre des bitcoins, et vice versa. Les boutiques sont dans l’obligatoire d’accepter les paiements en bitcoin. Les entreprises qui proposent des services liés à la blockchain sont favorisés en terme d’impôt. Au sein de « Bitcoin City », on trouverait des quartiers résidentiels, des boutiques, des services, des musées etc. L’idée étant de créer un véritable écosystème économique là où il n’y avait « rien ».

Bref, en acceptant le Bitcoin, le Salvador fait le pari ultime de se placer en pole position dans cette révolution numérique.

Retrouver une certaine indépendance vis-à-vis des pays extérieurs

Si le Salvador à opté pour le bitcoin, le pays invoque des raisons économiques dans un premier temps. Le président à assuré par exemple que le transfert monétaire de la diaspora salvadorienne sera plus simple en utilisant les cryptomonnaies. Les Salvadoriens vivant à l’étranger pourront alors envoyer directement du bitcoin aux membres de leurs familles, sans avoir à recourir à des services tiers tels que Western Union.

La deuxième raison moins-évidente consiste à s’affranchir lentement du dollars américain. En fait, en 2001, la monnaie nationale , « le colon salvadorien » été remplacé par le dollars américain à cause d’une hyperinflation insoutenable…Le dollars américain, comme c’est souvent le cas dans de telles situations à été le choix « par dépit » et c’est alors là, l’opportunité ultime de s’en détacher. Ce qu’il faut comprendre, c ‘est que le Salvador ne tient plus les ficelles de sa politique monétaire depuis 2001. Accepter le bitcoin s’avère être alors une alternative intéressante face à l’utilisation du dollars.

Il existe d’autres pays à l’économie fragile qui préfèrent utiliser une monnaie internationale forte plutôt qu’une monnaie locale. En général, cela évite les fluctuations trop grandes de la monnaie. Dans une dynamique de commerce internationale, avoir une monnaie FIAT reconnue et stable s’avère bien plus efficace, en effet.

Les populations d’Amérique latine utilisent de plus en plus les cryptomonnaies

Il faut faire une distinction entre les gouvernements et la population. Il s’avère que très souvent, la population se montre bien plus « tolérante » et active avec les cryptomonnaies que les gouvernements. Cela s’explique car les intérêts des uns sont différents des autres. Pour la population, le Bitcoin reste une valeur refuge au même titre que l’or, par exemple. Pour les gouvernements, le Bitcoin est souvent perçu comme une monnaie extérieure déstabilisant et dépréciant la monnaie nationale.

On peut se demander pourquoi les pays d’Amérique latine sont tentés de suivre le modèle Salvadorien. Il faut rappeler que les populations en Amérique latine sont encore à grande majorité « non bancarisés ». C’est alors la voie royale -et paradoxale – pour pousser la population à entrer sinon dans le monde bancaire et a fortiori dans le monde financier.

C’est d’ailleurs le propos que partage Claire Balva, la co-fondatrice Blockchain Partner. Elle affirme selon l’article parue dans le magazine « Geo » que le « bitcoin pourrait donner accès à un plus grand nombre de personnes à des services financiers ».

femme Amérique latine utilise ATM bitcoin
https://atalayar.com/fr/content/les-crypto-monnaies-comme-monnaie-légale-en-amérique-latine-lumières-et-ombres

C’est en effet, là, le grand intérêt de l’utilisation du Bitcoin: Réussir là où les banques ont échoué. Les populations locales pourront s’adonner à d’autres services de la finance décentralisée, tel que lending par exemple. Ce serait alors une manière nouvelle d’accéder au micro-crédit, service très populaire dans le pays. L’accès à des services financiers autrefois inaccessibles deviendraient subitement abordables pour la majorité de la population.

Bien entendu, d’autres pays travaillent actuellement sur leurs politiques monétaires pour suivre le chemin du Salvador. C’est le cas du Paraguay qui semblent très proche d’une future légalisation du Bitcoin tout en se montrant de plus en plus sévère avec le minage illégal…Certaines rumeurs prédisent que l’Argentine serait le prochain pays de la liste. Le Vénézuela avait l’un des premiers pays à voir dans les cryptomonnaies, un progrès pour le pays. On se souvient du Petrodollars (XPD)  comme d’une expérience controversé certes, mais néanmoins innovante. De fait, population est alors aujourd’hui prête à utiliser le bitcoin ou une autre cryptomonnaie comme monnaie d’usage.

Une réglementation disparate au sein du continent

Ce serait faux de parler de l’Amérique latine comme d’une seule entité homogène sur la question du bitcoin et des cryptomonnaies, en général. Certains pays se montrent très réfractaires au bitcoin comme c’est le cas de la Bolivie qui avait interdit en 2014 l’utilisation des cryptomonnaies. La même année, l’Équateur tranche de la même manière.

Les pays tolérants sont le Brésil, le Vénézuela, l’Argentine et le Chili qui ont tous approuvé l’utilisation au sein du pays des cryptomonnaies.

Source : https://fr.statista.com/infographie/15440/utilisateurs-cryptomonnaies-par-pays/

Selon Statista, l’Argentine arrive à la 4ème place en terme d’utilisation de cryptomonnaies dans le monde. À la 8ème place, on trouve le Brésil.

De nombreux pays d’Amérique latine disposent de réglementations concernant les crypto-monnaies. Certaines de ces réglementations sont rigides, au point d’interdire cette monnaie numérique, et d’autres sont libres, autorisant son utilisation quotidienne. D’autres, en revanche, imposent des taxes sur les revenus de cette monnaie numérique. (Source: https://www.eclac.cl/fr/estadisticas-criptomonedas-latinoamerica/)

Quels sont les bénéfices que pourrait apporter le Bitcoin à l’Amérique latine?

Les populations d’Amérique latine, au même titre que les populations africaines trouvent un intérêt à utiliser les cryptomonnaies. La principale raison vient d’une inclusion financière faible et d’une économie nationale instable.

Cela dit, d’un point de vue global, le bitcoin pourrait améliorer le commerce interne au sein du continent. En effet, actuellement, les échanges monétaires entres les pays qui font partie de la ZLEA sont coûteux. Il faut convertir les monnaies locales avec des taux de change fluctuant d’une part, ce qui s’avère peu équilibré pour l’une ou l’autre partie selon le cours de la monnaie. D’autre part, ce sont les banques qui opèrent les transactions. Cela implique des frais conséquents, des règlements administratifs sans compter les 3-5 jours de traitement.

Avec le paiement en bitcoin, les commerçants peuvent payer être payé quasiment instantanément. Ils peuvent réaliser des opérations financières sans faire appel au banques. Un véritable gain de temps et d’argent. Une aubaine pour le commerce interne et transfrontalier.

Ceci n’est qu’une partie infime des avantages à légaliser le Bitcoin au sein de chaque pays et dans l’ensemble du continent. Les citoyens pourraient créer des boutiques plus facilement dans la mesure où le système de paiement est déjà donné et disponible.

À plus large échelle, les citoyens salvadoriens pourraient grâce au bitcoin vendre à l’international auprès d’une clientèle cible plus large. Cela ouvre le Salvador au monde d’une façon inouïe.

Une adoption du bitcoin malgré des obstacles

La première grande difficulté à la mise en place de la politique de Bukele reste sans conteste le fait qu’un très faible pourcentage de la population utilise le portefeuille numérique nationale. De plus, certaines personnes préfèrent le dollars américain au bitcoin, notamment en raison de sa trop grande volatilité. Cependant, au-delà de ces obstacles particuliers, le pays quand à lui semble déjà jouir de retombées économiques positives.

Un an après la légalisation du bitcoin, le président Nayib Bukelé à publié un communiqué où il évoque les chiffres en hausse du PIB, des taux d’emplois ainsi qu’une baisse de la criminalité depuis la légalisation du Bitcoin. Le président assure que le bitcoin est une décision qui a montré ses premiers fruits et qu’il ne s’agit là que des prémisses.

–>Lire : Nayib Bukele : ” Arrêtez de boire le Kool-Aid des élites”

En effet, un an d’adoption du bitcoin, c’est encore peu pour conclure cependant le gouvernement est déterminé à avancer dans sa politique pro-bitcoin. Toutefois, les obstacles sont encore nombreux et il faudra une certaine éducation financière et cryptographique à transmettre auprès de la population.

Il faudra aussi que d’autres pays dans le continent et dans le monde légalise le Bitcoin.Récemment, la Centrafrique est devenu le premier pays africain à accepter Bitcoin comme moyen de paiement. Le pays à même lancé le « sangocoin« , dans une indicative globale de numérisation des services du pays. L’Afrique et l’Amérique latine ont des problématiques similaires en terme d’inclusion financière.

Reste maintenant à savoir si certaines pays sont prêt à emboîter le pas du Salvador…

Voir aussi :

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Ines Aissani

Éditrice du journal ZoneBitcoin, tombée dans le terrier du Bitcoin et farouchement convaincue qu'il peut apporter une solution aux problématiques liée à l'inclusion financière.

1 Comment

  1. Petite erreur : Selon les données de la Banque Mondiale, seulement 37% de la population salvadorienne de plus de 25 ans détient un compte dans une institution financière ou auprès d’un fournisseur de services de téléphonie mobile…
    Je ne connais pas, hélas de chiffre sur le pourcentage de la population qui détient juste un compte bancaire, le pourcentage de la population qui détient juste un compte mobile money, et le pourcentage de la population qui détient les 2…

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