Récemment, une nouvelle polémique sur la consommation énergétique du bitcoin fait (encore) couler beaucoup d’encre. Cette fois-ci, au coeur de la polémique, on retrouve la dernière campagne de Greenpeace USA, qui a pour slogan « Change The Code: Not The Climate « , soit en français : Changer le code : Non le climat ».
Le message est on ne peut plus clair, il s’agit d’exhorter la communauté des bitcoiners à « changer » le code du Bitcoin pour le rendre moins énergivore. Autrement dit, le but de GreenPeace consiste à modifier le protocole de consensus utilisé par le réseau Bitcoin, à savoir la « proof-of-work ».
C’est alors le coeur même de Bitcoin et les fondements techniques sur lesquels il repose ( et fonctionne depuis plus de 14 ans maintenant) qu’il s’agirait de modifier. Ainsi, « changer le code » n’est pas une mince affaire car c’est précisément ce consensus qui permet à bitcoin d’être décentralisé et sécurisé. Il ne s’agit pas de changer une ligne de code seulement, mais de prendre le risque de déstabiliser toute la robustesse de l’ infrastructure technique du Bitcoin. Pour les partisans du bitcoin, vouloir modifier le « proof-of-work de bitcoin reviendrait à le détruire.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que des militants insistent pour modifier Bitcoin et à chaque fois, cela s’est soldé par un échec. Vraisemblablement, la campagne de GreenPeace n’aboutira pas à un changement de code mais peut-être à un changement de mentalité…En effet, il semblerait que la campagne va permettre -paradoxalement- de mieux comprendre l’enjeu du bitcoin d’une part et de réaliser que le minage de bitcoin tend à devenir toujours plus vert…
Le combat de GreenPeace pour « changer le code »et les lobbys qui le soutienne
La campagne menée par GreenPeace a été en partie financé par l’investisseur et entrepreneur Chris Larsen, qui est le co-fondateur de la cryptomonnaie Ripple. Il est alors important de souligner que Ripple est une cryptomonnaie qui à pour vocation d’être une monnaie utilisée par le système bancaire traditionnel. Sous cette perspective, bitcoin est dans une certaine mesure un concurrent à la cryptomonnaie Ripple. Ainsi, pour de nombreuses personnes, le financement de cette campagne s’apparente à du lobby. Chris Larsen, chercherait alors, en dénigrant bitcoin, à se tailler une place de choix pour introduire la cryptomonnaie Ripple.
D’ailleurs, Chris Larsen avait était membre du Crypto Climate Accord, soutenu par l’ONU, qui s’était convoqué en avril 2021 dans le but de faire la promotion des blockchains plus « écologiques » et plus « vertes », ayant le moins d’impact environnemental. En réaction à l’événement, considéré par beaucoup de bitcoiners, comme un espace de diabolisation du bitcoin, le Bitcoin Mining Council a été crée. Le but étant alors de créer un conseil de scientifique visant à « défendre le bitcoin contre les critiques énergétiques mal informés et hostiles ».
Bitcoin consomme moins que la consommation des éclairages de Noël
Il est fort probable que la volonté de modifier le protocole de consensus de Bitcoin soit fortement inspiré par la modification réalisée du « code » effectué récemment par la blockchain Ethereum. En effet, la deuxième cryptomonnaie en terme de capitalisation boursière utilise désormais le consensus de la « proof-of-stake », considérée comme étant moins énergivore. Pour Greenpeace, modifier le code permettrait à Bitcoin de « réduire sa consommation » à plus de 99% ».
Or, retirer la proof of work de Bitcoin reviendrait à le rendre aussi peu « fiable », d’un point de vue technologique et monétaire que les autres cryptomonnaies. Pour les plus fervents partisans du bitcoin, qu’on appelle des « maximalistes« , le bitcoin n’est pas une cryptomonnaie comme les autres. Il n’y a pas d’entité juridique qui contrôle bitcoin et seul le « proof-of-work » (PoW) fait fonctionner Bitcoin. Plus encore, le processus de minage complexe et coûteux participe également à en faire une monnaie durable ( au sens de « sound money« ). C’est précisément le proof-of-work qui rend distingue le bitcoin des autres cryptomonnaies. Retirer le PoW reviendrait ainsi à destituer Bitcoin de tout ce qui fait sa singularité.
Devant un tel état de fait, rien de surprenant à ce que les partisans du bitcoin s’opposent farouchement à ce changement du « code » originel du Bitcoin. Plus encore, ils aiment à rappeler que derrière cette diabolisation du bitcoin, il y a une manipulation des données et une méconnaissance des innovations écologiques que Bitcoin ne cesse, pourtant, de mettre en place afin de réduire le réchauffement climatique.
Bitcoin consomme autant d’énergie que la Suède…Et autant que les éclairages de Noel
Basée sur une étude réalisée par l’université de Cambridge, GreenPeace affirme que Bitcoin consomme autant d’électricité que la Suède. Le site de la campagne, www.cleanupbitcoin.com présentent d’autres éléments et infographies qui énumèrent la consommation énergétique du Bitcoin.
Cependant, de nombreux commentateurs n’ont pas tardé à comparer la consommation énergétique du bitcoin à d’ autres secteurs de l’industrie. Ce type de comparaison semble plus pertinent que de ramener les chiffres à la consommation d’un pays.
Ainsi, selon le Bitcoin Mining Concil, le réseau Bitcoin consommerait l’équivalent des éclairages électriques qui illuminent les grandes villes industrielles pendant la période de Noel.
Il est important de rappeler que certaines données peuvent être difficilement mesurable. Ainsi, selon les instituts et selon les interprétations, les échelles et les typologies de comparaisons seront différentes.
Néanmoins, ce qui rend le débat intéressant, c’est certainement le constat des avancées de Bitcoinqui est toujours plus soucieux de l’environnement. C’est davantage sur ces points que les partisans du Bitcoin cherchent dorénavant à insister et à communiquer.
Comment Bitcoin devient toujours plus respectueux de l’environnement ?
Malgré les critiques redondantes, le minage de bitcoin prouve chaque jour que le réseau est toujours plus sécurisé (Bitcoin n’a jamais connu d’attaque de piratage) et que les mineurs utilisent toujours plus des énergies renouvelables et ce, à plus de 60%. De même, le minage crée également des externalités positives comme on a pu le contacter avec la société de minage Gridless, qui dynamise des villages africains reculés au Kenya.
Chercher à optimiser les coûts en électricité est la priorité des mineurs de bitcoin qui cherchent toujours des sources d’énergies moins chères. Or, l’énergie renouvelable est moins chère que l’énergie fossile et c’est donc naturellement que les mineurs de bitcoin optent toujours plus pour ce type d’énergie. Dans de nombreux cas, l’énergie excédentaire des ressources renouvelables est recherché par les mineurs qui utilisent ainsi une énergie qui serait autrement gaspillée. De même, de nombreuses fermes de minage comme Giga Energy, au Texas, utilisent les excédents de gaz naturel gaspillé comme source d’énergie pour miner du bitcoin. Globalement, de plus en plus de fermes de minage contribuent ainsi à réduire les émissions de méthane dans le monde.
Il est important alors d’actualiser les données sur le minage de Bitcoin et de ne pas se contenter de réitérer des accusations qui sont aujourd’hui désuètes.
La campagne de GreenPeace a mis en lumière les avancées écologiques de Bitcoin
Deux jours après la diffusion de la campagne sur les réseaux sociaux, l’artiste qui a réalisé l’oeuvre Skull of satoshi, commandé par GreenPeace et censé symboliser la nuisance de Bitcoin, a publié sur tweeter son soutien final à Bitcoin. En discutant avec des membres de la communauté, il aurait « compris » les avantages du bitcoin et sa raison d’être.
Il a affirmé que son oeuvre n’a jamais été conçu comme étant une oeuvre « anti-bitcoin » mais qu’il voudrait en réalité « préserver le code » tout en poussant le minage de bitcoin à être encore plus « vert ». Il a formulé son souhait, à travers son oeuvre, que le minage de « Bitcoin devienne négatif en CO2 d’ici la fin de la décennie ».
GreenPeace a commandé à l’artiste militant écologique Von Wong pour créer une oeuvre de sensibilisation sur la consommation énergétique du Bitcoin. L’artiste a créé l’oeuvre « Skull of Satoshi » qu’il a fabriqué avec des déchets électroniques recyclés. Le « skull of Satoshi » mesure plus de 3 mètres de haut et le crâne est réalisé avec des cartes mères issus d’ordinateurs usagés et les yeux rouges reflètent des logo bitcoin conçu avec des lasers rouges. Le crâne symbolise alors la pollution par la combustion fossile utilisée dans le minage de bitcoin et les millions d’ordinateurs utilisés pour valider les transactions du réseau.
Le bitcoin, toujours plus résilient face à la critique
Les propos des bitcoiners qui ont répondu à la campagne de GreenPeace tiennent donc à la remise en cause des chiffres invoqués et du fait que la consommation énergétique du bitcoin est considérée isolément au lieu d’être comparée aux autres secteurs bien plus polluant et énergivore, comme celui du textile par exemple.
De même, il faut aussi rappeler que les mineurs de bitcoin se soucient également de l’environnement à travers l’utilisation d’innovations écologiques notamment. Le minage de bitcoin évolue positivement dans ce sens et il s’agirait davantage d’encourager cette tendance.
Aussi, il serait bon d’également considérer la mission de Bitcoin qui n’est pas anodine et qui consiste à créer un système financier global efficace et inclusif. Bitcoin n’a pas non plus à envier l’infrastructure bancaire traditionnelle qui nécessite énormément de ressources avec des millions de succursales, de centres de données, de logistique de livraison, d’impressions de billet pour une efficacité relative…
En comparaison, bitcoin nécessite moins de ressources physiques et personnelles pour offrir un système financier mondial, accessible tous les jours de la semaine, 7 jours de la semaine…
Et ça, ça vaut bien le prix électrique de quelques guirlandes de Noël, non?
Voir aussi:
[…] La campagne de GreenPeace ne parvient pas à “diaboliser”le Bitcoin […]
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